Quadruple médaillée d’or aux JO de Los Angeles en 1984, Katy Szabo réside à Chamalières depuis maintenant 25 ans, la championne roumaine est une véritable auvergnate d’adoption. Une personnalité à part marquée par ses succès d’exception.Cela fait maintenant 25 ans que vous résidez à Chamalières, qu’est-ce qui vous fait rester ici ?

J’aime la région, j’aime les gens, j’aime tout ici. L’été, je profite de la nature, des montagnes, l’hiver moins, je suis un peu frileuse (rires). Je me suis habituée à ma vie ici, c’est une magnifique région, elle me rappelle ma région natale en Roumanie. Les montagnes, le climat, c’est presque pareil, je suis ici depuis 1993, donc c’est bien que j’aime cet endroit.

Vous êtes reconnus comme une grande championne ici, l’hommage que Lempdes vous a rendu en nommant sa nouvelle salle « Katy Szabo » le prouve bien.

Lempdes, c’est spécial, ce sont des gens extraordinaires, magnifiques, je ne m’y attendais pas du tout. Je n’avais jamais entraîné à Lempdes. Quand on m’a appelé, j’ai cru que c’était une erreur. Ça va faire un an bientôt que la cérémonie s’est déroulée, j’ai toujours du mal à y croire. J’étais très surprise, c’est plus qu’un honneur, je n’ai pas les mots pour les remercier. La cérémonie était magnifique, la salle est belle, c’est beau.

La gymnastique surtout française semble en récession actuellement…

Je pense que la Gymnastique Française va beaucoup mieux que la Roumanie, surtout au niveau des résultats. Il y a eu des très bons résultats aux derniers championnats du monde. Ça fait quelques temps que je suis à Lempdes, pour donner un coup de main, je les ai suivi sur deux compétitions. J’ai du mal à juger exactement l’état actuel de la gymnastique. Mais je pense tout de même que la gymnastique féminine va très bien en France. Il ne faut pas s’inquiéter. Je compare avec la Roumanie, et la France est beaucoup mieux classée. À mon avis la gymnastique, c’est toujours la même qu’avant, sauf que bien sûr pour réussir, il faut être très rigoureuse et disciplinée. Il faut beaucoup de choses pour réussir dans la gymnastique, c’est très contraignant. Il y a beaucoup de public dans le monde pour ce sport, aux Etats-Unis, etc. Il y a peut-être un peu moins de licenciés. Mais c’est surtout le haut niveau qui fait peur. Si on veut arriver à quelque chose il faut tout respecter et beaucoup travailler. On commence assez tôt, j’ai arrêté à 20 ans. Maintenant, on voit des gymnastes qui vont au-delà de 20 ans à très haut niveau. Je vois à Lempdes, il y a beaucoup de licenciés, beaucoup de jeunes filles avec de très bonnes capacités. Je ne suis pas inquiète pour l’avenir de la gym, pour moi ça restera toujours un plaisir. Je ne connais que Lempdes et déjà, à ce niveau-là, ça marche très bien. Il y a des stars de la gym en France, après il faut savoir se faire aimer, se vendre aux médias, c’est très compliqué. Mais voilà, je compare toujours avec la Roumanie et il y a un vrai écart, c’est vrai que c’est impossible de rattraper les américaines, elles ont tellement d’avance sur le reste du monde.

Vous entraînez les jeunes depuis longtemps ?

J’ai enseigné à Chamalières, puis à l’ASM, à Romagnat, Orcines pour très peu de temps. Toujours avec des enfants, j’adore ça. Je prends beaucoup de plaisir à enseigner la gym, je suis juste freinée par mes problèmes physiques. Je ne peux plus faire les exercices pour montrer l’exemple, je suis obligée d’être dans la position d’un professeur, et ça me démange énormément. J’essaye de rester à ma place de coach.

Tous ces sacrifices physiques, qui vous ont permis d’être championne olympique, vous les regrettez ?

Bien sûr, on ne devient pas du jour au lendemain championne olympique, derrière il y a des années de travail et de sacrifices. Depuis le début, je savais ce que je voulais faire. Je ne savais pas ce que ça allait engendrer. Quand j’ai commencé, c’était pour montrer à tout le monde qui j’étais. Petit à petit, j’ai commencé à faire de la vraie gym, déjà à 10 ans, je faisais des compétitions. À 12 ans, j’ai gagné mon premier titre, un championnat d’Europe à Lyon. Une fois qu’on a goûté au succès… Dans ma tête, je savais, je voulais montrer, et pas n’importe comment, j’étais obnubilée.

Si vous voyez une petite avec du potentiel à Lempdes pour devenir championne olympique, vous allez la pousser comme on vous a poussé ?

Bien sûr ! Et des jeunes très douées à Lempdes, il y en a, certaines ont 6 ans, je ne peux pas vous dire ce qu’elles vont devenir, mais il y a du talent oui. Après, on ne sait jamais si on va être blessé, c’est le sérieux qui compte, les entraînements. J’en voulais, on n’avait pas autant de facilité qu’aujourd’hui, c’est tout dans la tête, pour travailler. Dans ma carrière, j’ai eu 5 fois le bronze, nous on s’est entraîné pour gagner, il fallait gagner, c’était une obligation ! Notre entraîneur à l’époque, il nous disait, il faut s’entraîner pour avoir 11 pour obtenir 10. Mais pour arriver très haut en sport, il faut tout cela. À mon avis, on pourrait arriver à faire des choses, mais il faut savoir parler avec les enfants. Les enfants sentent comment tu es. Après, tu les pousses, tu les accompagnes. Au début, ils arrivent à faire des petites choses, ils se disent "oh, je suis capable", dans les clubs à Chamalières, à l’ASM nous avons réussi à faire de très belles choses. Il faut rester les pieds sur terre, rien n’arrive sans travail.

Comment êtes-vous perçus en Roumanie aujourd’hui ?

Très bien, dès que je suis en Roumanie, je suis très sollicitée, plus dans ma région. J’ai une salle de sport qui porte mon nom, une école maternelle et une statue, c’est un peu fou parfois.

Dans quelques années, faire des échanges France-Roumanie, j’aimerais beaucoup.

Vous voulez vous inscrire dans la durée à Lempdes ?

J’aimerais bien, tant que je peux, que ma santé va bien. Je ne fais pas que de la gymnastique à Lempdes. Depuis quelques temps, j’ai réalisé mon rêve, je travaille dans l’Ehpad de Lempdes, c’était vraiment un de mes rêves. Je les remercie énormément, j’interviens une fois par semaine pour aider, je voulais m’occuper des personnes âgées. Ils m’ont accepté, ils m’ont formé et j’y vais avec beaucoup de plaisir à chaque fois. C’est important pour moi. Je suis aussi rentrée dans l’association auvergne pour un Enfant, c’est des enfants étrangers qui viennent se faire soigner en France. J’y suis depuis Septembre, je vais à l’hôpital chaque semaine, j’en rêvais et aujourd’hui, j’ai réalisé les deux, les enfants, je veux être auprès d’eux à l’hôpital, après, dans des situations critiques. C’est plus important que quand tout va bien. Je vais bien quand j’ai le sentiment de me rendre utile, là, je participe et ça me rend heureuse. Bien sûr, c’est la gym qui m’a permis de faire tout cela, quand t’es un peu connu, c’est plus facile.

Le dernier rêve qu’il me reste c’est donner un coup de main pour l’organisation des Jeux Olympiques 2024 à Paris. J’ai rencontré la ministre des Sports Roxana Maracineanu (Ministre des Sports) à Paris, je suis à sa disposition.

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