Chef d’entreprise, préparateur mental depuis plus de 20 ans. Elle ne se met aucune pression depuis que la vision pour elle, concernant la préparation mentale, ce n’est pas de faire gagner en performance, c’est de chercher l’équilibre. Du coup, elle ne se fixe plus d’objectif de résultat, ce qui lui dégage pas mal de pression. Elle est dans un enjeu positif, excitée à l’approche des J.O, dans la gratitude d’avoir été choisie. C’est unique de vivre ça avec les athlètes ! Elle est aussi championne de France et d’Europe de Tennis avec l’ASM, en plus de 35 ans. "Ces deux titres sont inoubliables", dixit Virginie.
A quoi sert un préparateur mental ?
J’ai beaucoup évolué dans ma vision. Au début lorsque j’étais préparateur mental, j’ai vraiment cru que c’était pour rendre plus performant un athlète. Au fur et à mesure de mes expériences avec le monde sportif, je me suis rendu compte que le préparateur mental est celui qui cherche à ce que l’écosystème soit équilibré. L’écosystème c’est l’athlète et tout ce qui l’environne. Faire que tout cela soit équilibré. Que la communication se passe bien ! Faire que l’athlète soit au centre de cet équilibre, il faut qu’il soit acteur de toutes ces choses. De remettre l’athlète au sein de son propre écosystème et de rechercher l’équilibre. La performance c’est la cerise sur le gâteau.
Que pensez-vous de l’obligation de résultat ?
Je ne crois pas du tout à l’objectif de résultat ! Je le dis très souvent d’ailleurs. Pour moi c’est complètement contre-productif. Je pense que c’est encore plus contre-productif, quand on parle des Jeux à Paris, c’est encore pire. Si on est concentré que sur le seul objectif de résultat, les athlètes ont encore plus la pression. Evidemment que l’athlète a un objectif de résultat en tête, mais ce n’est pas la peine de lui répéter. Ce qu’il faut travailler avec la tête ce sont les objectifs de moyens, et replacer les objectifs de moyens autour de l’écosystème. C’est super essentiel ! L’objectif de résultat est dans le subconscient de l’athlète, mais très clairement ce n’est pas cela qu’il faut travailler.
Quel est le pire ennemi de l’athlète ?
La peur de ne pas y arriver mais surtout la peur d’y arriver ! La peur de gagner est de loin la plus compliquée. Et en plus, les Jeux sont en France cette année donc double peur. C’est ça qui est difficle, car en bon latin que nous sommes, cette culture de la gagne n’est pas toujours bien amenée, elle est très centrée sur l’objectif de résultat, et surtout c’est nouveau il faut surperformer le jour J ! Je ne pense pas qu’il y ait pire pour passer à côté d’un bon résultat. Un préparateur mental doit tout faire pour que l’athlète se détache un peu de ça, pour qu’il revienne à analyser ses capacités, sur quoi il faut travailler, où il en est de tout ce qu’il a pu mettre en place. "Que me manque t-il pour que je passe la marche supérieure ?", c’est la bonne question à se poser.
Est-ce que vous pourrez avoir accès aux athlètes à tout moment pendant les J.O ?
Malheureusement non ! C’est une vraie problématique qui pourrait me mettre un peu de pression. Si jamais un athlète me demande en face à face, je n’aurai pas d’accréditation pour aller le voir, on le sait les féférations nous ont mis en courant, elles ne veulent pas. A J – 3, l’athlète arrive sur la conférence de presse, et là il est mis dans une bulle, il va osciller entre la maison de la performance et le village olympique, le stade où il est. C’est une vraie problématique car son écosystème avec qui, il avait l’habitude de fonctionner ne sera plus le même. Parce qu’il y a les entraîneurs de l’équipe de France qui ne sont pas ses entraîneurs habituels au quotidien. Il y a très peu d’athlètes qui sont dans un système fédéral. Ma crainte est de perdre le lien avec eux. On peut quand même communiquer avec le téléphone, mais c’est différent.
Virginie, racontez-nous tous ces exploits et ces titres de Tennis ?
Depuis plus de 20 ans, on travaille en duo avec Mickaël Aymard, avec un vrai écosystème tourné vers l’excellence dans le détail de la performance, avec les filles de l’ASM tennis, Manue Poncetta, Mathilde Cor, Aurélie Béjar et Laure Provost. Quand elles ont eu plus de 35 ans, on leur a demandé si elles voulaient former une équipe pour gagner le championnat de France, on l’avait annoncé d’entrée, on y croyait vraiment. Elles nous regardaient vraiment étonnées ! Nous avons un niveau très homogène, malgré leur planning de malade, travail et enfants. On a qu’un entraînement d’une heure, c’est peu mais c’est qualitatif. Enormément d’échanges en dehors. Le titre de championne de France qu’on a obtenu l’an dernier, concrétise juste une chose, c’est cet amour inconditionnel qu’il y a entre nous, qui amène une énergie incroyable, on a pu l’expérimenter en double notamment. Sur le papier, nous étions largement plus faibles que le TC Plaisir et le TC Paris. Contre l’Espagne en finale du championnat d’Europe, c’était complètement incroyable.