Avis à tous les fans de Boxe Thaï (ou plutôt Boxe Muay-Thaï), l’Auvergne a aussi sa championne (médaillée d’or à l’Open de Turquie en 2018). Son nom : Juliette Lacroix. Elle pratique au Brizon Gym Riom et elle a accepté de nous parler du sport qu’elle pratique, sa profession, mais aussi comment la Boxe l’a aidé dans sa vie de tous les jours.Bonjour Juliette Lacroix. Pouvez-vous nous dire qui vous êtes ?
Bonjour, je suis Juliette Lacroix, j’ai 33 ans, je suis originaire de Clermont-Ferrand et je fais de la boxe muay-thaï en moins de 51 kg. On dit comme ça entre “puristes” car en Thaïlande, on ne dit pas juste thaï mais muay-thaï. Comme la boxe française qui est aussi appelée savate.
Depuis quand pratiquez-vous la boxe muay-thaï ?
J’ai eu mon premier titre en 2014 (championne d’Auvergne) donc ça veut dire que j’ai commencé dans ces environs-là. J’étais basketteuse au départ. J’ai commencé à 5 ans et j’en ai fait plus de 20 ans et j’ai même fait une section sport étude basket. Pour ce qui est de la boxe, quand je n’étais pas encore en équipe de France, mon coach n’était pas d’accord que je pratique les deux sports en même temps, mais je le faisais quand même. Après quand j’ai été sélectionnée, j’ai décidé d’arrêter le basket et d’entamer pleinement ma carrière dans la boxe thaï, même si au départ j’ai un peu triché. En fait, j’ai menti à mon coach en disant que j’avais arrêté puis un soir où je venais de finir un match avec le Stade Clermontois, un journaliste est venu nous prendre en photo, une photo que mon coach a vu… (Rires)
Si vous avez décidé d’arrêter le basket alors que vous pratiquiez depuis longtemps, cela veut dire que la boxe muay-thaï s’est imposée comme une véritable passion. D’où vient-elle ?
La boxe est plus qu’une passion, c’est une drogue pour moi. Chez moi je me suis faite une salle de sport où j’ai du matériel. Je n’ai pas besoin de compétition pour m’entraîner et me motiver. Avec mon coach on a fait une préparation mais je m’entrainais aussi de mon côté. J’ai besoin de ce sport pour canaliser mon énergie. Dans la vie de tous les jours, la boxe m’aide car ce n’est pas un sport violent et ça aide à décompresser. En fait, j’ai perdu mon petit frère dans un accident de voiture en 2009 et du coup ça n’allait pas du tout. J’ai malgré tout repris le basket mais j’étais pas bien, sur le terrain j’étais susceptible et agressive. Du coup, je me suis mise à la boxe en prenant connaissance de ce club de Riom. Ça m’a aidé à canaliser mon énergie et ma rage. Les coachs ont détecté mon potentiel et ils ont décidé de m’inscrire aux championnats d’Auvergne. La boxe m’a aidée à surmonter ce drame qu’il y a eu dans ma vie et c’est pour ça que c’est devenue une drogue. Si j’arrête, je ne me sens pas bien.
Faites-vous tout de même d’autres choses en dehors de la boxe ?
Je suis professeure de sport au Lycée Germaine Thillon de Thiers car j’adore tous les sports. Je fais aussi beaucoup de VTT et de randonnée. Je fais aussi du footing et je suis preneuse dès qu’on me propose de faire du sport. J’ai la chance de me débrouiller à peu près partout. En ce moment, avec le covid, je suis beaucoup chez moi et je pratique le crossfit.
D’ailleurs, malgré le Covid, il y a toujours des compétitions ?
En France, tout est fermé en muay-thaï et il n’y a aucune compétition, ce qui n’est pas forcément le cas à l’étranger. Là j’étais en Belgique pour faire un combat où je suis passée à côté (même si certains disent que je me suis faite volée). C’était pour une ceinture européenne. Je ne m’en suis pas entièrement remise physiquement d’ailleurs.
Et donc comment continuer en temps de Covid ?
Moi je continue chez moi à faire mes entraînements toute seule. Le problème c’est qu’il faut se tenir prêt car dès que tout va repartir, tous les promoteurs de gala vont relancer la machine. Ce qui est bien, c’est que ce week-end j’ai pu pratiquer et malgré la défaite j’ai eu beaucoup de bons retours. Les sélectionneurs ont vu que malgré la pandémie, j’avais encore la forme. Si jamais à la mi-mai tout est levé, je serais dans les starting blocks pour participer à des galas. Là je me suis quand même pris une semaine de repos mais dès la semaine prochaine je m’y remets. Avec l’équipe de France, on devait aller à Dubaï faire les championnats du monde mais ça été a reporté.
Et donc, des compétitions en vue ?
Alors, les championnats de France c’est fini, mais à part ça il y a les championnats du monde à Dubaï comme je disais. Sinon, d’autres pays ont prévu de faire des opens, ce qui fait que les clubs peuvent s’inscrire. Ce sont des sortes de gros tournois. Ça peut être des opens d’Europe ou du monde.
Et plus globalement, quelles sont les qualités requises pour faire de la boxe muay-thaï ?
Il faut voir ce que l’on veut. Il y a le côté loisir et le côté compétiteur donc ce n’est pas la même façon de s’entraîner. En fonction de ça, il faut avoir de la ponctualité, de la rigueur, de la détermination et il faut être capable de faire des sacrifices, alimentaires par exemple. Comme moi, c’était mon anniversaire le 8 avril, mais comme j’avais un match le 11, je n’ai pas pu le fêter. Plus globalement, pendant un mois, je sortais du travail et j’allais à l’entraînement, je ne voyais personne. Ce sont des sacrifices mais c’est le côté compétiteur. Côté loisir, c’est accessible à tout le monde (même ma maman s’y est mise). Il ne faut pas confondre boxe et violence. A cause d’une minorité, il y a des préjugés qui se sont installés. Il y a un grand respect de l’adversaire. Ce n’est pas parce que pendant 5 rounds on va échanger des coups qu’il ne peut pas y avoir du respect. Ça permet de se défouler, et pas forcément en tapant sur quelqu’un mais aussi sur un sac de sport. Les coachs s’adaptent au niveau de chacun. Il faut savoir ce que l’on recherche. Et c’est même accessible aux enfants.