11 ans. Voilà le temps qu’aura passé Franck Azéma, l’actuel entraîneur de l’ASM, dans le staff du club Clermontois. Cependant, l’histoire entre le natif d’Ambilly, formé au club de Perpignan, et le club double champion de France en 2010 et 2017 est plus ancienne. Elle remonte en fait aux années 1990.Le 7 avril 1971, le futur entraîneur de l’ASM voit le jour. Encore enfant, il baigne déjà dans le monde du ballon ovale puisque son père Daniel et son oncle Gérard, sont tous les deux joueurs professionnels de rugby à XIII dans des clubs catalans. C’est donc naturellement, à l’aube de ses 20 ans, que le jeune Franck enfile les crampons et les couleurs de l’Union Sportive Arlequins Perpignanais (USAP) pour disputer ses premiers matchs en senior au plus haut niveau. Il s’y formera au poste de centre pendant deux ans, avant de rejoindre Vinay en 1992, et Montpellier en 1994. Puis le jeune homme viendra poser ses bagages en Auvergne.

Première escapade Clermontoise

En 1996, alors qu’il a 25 ans, Franck troque le bleu montpellierain pour la fameuse tunique jaune et bleue de l’ASM. Cependant, patience est mère de vertue et il faudra attendre deux matchs pour que le jeune joueur puisse disputer sa première rencontre face au CA Brive, dans un derby chaud, le 15 septembre 1996. Résultat final : 37 à 27 pour Montferrand dans un match enlevé où le néo-clermontois est l’auteur d’une passe décisive qui amène au dernier essai inscrit par l’arrière Gilles Darlet. Franck trouve ainsi lentement mais sûrement ses marques, jusqu’à devenir rapidement titulaire au poste de centre dès le milieu de sa première saison. Cependant, après trois saisons pleines et un bouclier européen remporté 35 à 16 face à Bourgoin le 27 février 1999, la dernière et quatrième année est plus en demi-teinte pour Franck Azéma, à cause de blessures répétées. Il ne sera titulaire que pour un seul match, le premier, (le 17 août 1999, dans un match où Montferrand se fait écraser 45 à 17 par Brive) avant d’être rappelé sur le banc des remplaçants à deux reprises en fin de saison, sans aucun temps de jeu. Ayant sans doute un peu le mal du pays, Azéma quitte ses compères jaunes et bleus, pour retourner dans le sud-ouest et rejoindre le RC Narbonne à partir de 2000.

Ça s’en va et ça revient

Entre 2000 et 2002, Franck Azéma joue consécutivement pour Narbonne, l’Union Treiziste Catalanne puis au club où jouait son père, Céret, comme une façon de boucler la boucle. Mettant un terme relativement tôt à sa carrière pour un joueur professionnel (31 ans), le jeune homme ne manque cependant pas de suite dans les idées et intègre, dès le début de la saison 2002-2003, le staff de l’équipe de Céret, jusqu’en 2004. Puis en 2004, c’est à une demi-heure de route plus loin, à l’USA Perpignan (son premier club) que le jeune homme vient entraîner les espoirs. Il monte en grande et intègre ensuite, de 2006 à 2010, le staff en tant qu’entraîneur des lignes arrières. A ce poste, il finira par rencontrer consécutivement deux fois l’ASM lors des finales du Top 14 de 2009 et 2010. La première fois, l’USAP gagne, et l’ASM prend sa revanche en 2010. L’ancien joueur de Clermont décide alors de changer d’air.

Retour en Auvergne

De retour dans le club où il a passé le plus de temps dans sa carrière de joueur, Franck Azéma s’associe avec Vern Cotter, le « magicien » qui a permis à l’ASM de revenir au sommet et de remporter son premier championnat de France le 29 mai 2010. Pendant 4 ans, les deux hommes permettent à l’ASM de se maintenir sur le devant de la scène et de devenir un challenger plus que sérieux dans la compétition européenne, rivalisant même avec les plus gros clubs anglo-saxons, comme les Saracens ou le Munster.

Puis, en 2014, Vern Cotter annonce son départ pour de plus verts pâturages. C’est donc tout naturellement qu’Éric De Cromières, alors président du club, décide de nommer Franck à la tête de l’équipe. Lorsque Jean-Marc Lhermet, son ancien capitaine du temps où il était en jaune et bleu, quitte ses fonctions de directeur sportif pour faire campagne à la FFR (Fédération Française de Rugby), le néo-entraîneur cumule les pouvoirs pour devenir le seul maître à bord. Bien sûr, le sudiste sait s’entourer, et c’est accompagné de Jono Gibbs, Xavier Sadourny et Didier Bès, qu’il emmène l’équipe vers son deuxième titre de champion de France, en battant Toulon en finale par le score de 22 à 16. Alors Azéma prolonge. Jusqu’en 2020 d’abord, puis une nouvelle fois jusqu’en 2023. Sauf que voilà, la nouvelle est tombée en février, Franck Azéma quitte l’ASM avant que son contrat n’arrive à terme pour des raisons qui n’ont pas été divulguées.

Triste, oui. D’autant que tout cumulé, l’homme aura passé 14 ans au club. De quoi faire de Franck Azéma le plus auvergnat des sudistes.

Par Thomas Agostinis.