Pour sa première en N3, l’ALFA Saint-Jacques s’apprête à vivre une année historique, un an après avoir connu une saison qui a marqué les esprits (champion de Prénational, vainqueur de la Coupe de la Ligue, parcours en Coupe de France plus que respectueux). Retour sur ces différents points avec Teo Gautier, poste 4 (ailier-fort) de l’équipe.Interview réalisée avant le début du championnat de N3

Bonjour Teo, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Teo Gautier, j’ai 25 ans, je joue au basket depuis que j’ai l’âge de 10 ans. J’ai commencé à l’US Issoire, puis je suis entré au Pôle Espoirs de Vichy tout en jouant au Stade Clermontois où j’ai fait mes années « Minimes » et « Cadets » France ainsi que ma première année en seniors, en National 3. Je suis ensuite allé à Clermont Basket pour continuer à jouer en N3 où nous sommes montés en N2. J’ai fait le choix d’arrêter le basket au niveau national pour reprendre mes études d’infirmier. Je suis donc retourné à Issoire, mon club formateur, pour jouer avec les copains, en pré-national. Et, depuis l’année dernière, je joue à l’ALFA Saint-Jacques sur un appel du coach (Amine Fatih) et de certains joueurs.

Pourquoi le basket, et pas un autre sport ?

À la base, je suis un rugbyman mais j’ai arrêté ce sport tout bêtement puisque je me suis cassé une dent. Quand j’étais gamin, ça m’a « traumatisé ». J’ai fait un an d’Athlétisme, mais avec le physique que j’ai, cela n’a pas fonctionné, surtout qu’on m’envoyait faire des cross. Mon frère s’est mis au Basket et j’ai voulu faire comme lui. Il a arrêté par la suite et moi, j’ai continué.

Quel type de joueur êtes-vous sur un terrain ? (style de jeu, état d’esprit, …)

Je suis un style de joueur de type « bâtard » dans le monde d’aujourd’hui. Je suis un poste 4 de base (et 5 dans ma formation comme j’étais grand, très jeune). Mais, le problème dans le basket d’aujourd’hui, ma taille et mon physique me ferait plus jouer comme un poste 3, mais je n’ai pas les qualités physiques pour jouer ailier. Je suis donc entre les deux. J’aimerais beaucoup jouer poste 3, j’adore le jeu de loin, mais je suis largement meilleur en poste 4. Je prends donc plus de plaisir de jouer à ce poste à l’intérieur. Après, je reste un poste 4 « fuyant » où je m’écarte plus du cercle.

Après, par les attitudes, je suis plus un leader par les actes. Je vais parler quand quelque chose ne va pas, mais je ne suis pas le type de personne qui va faire des discours à tout-va. Par contre, sur le terrain, je suis actif, notamment en défense où je vais beaucoup parler et souvent même à la place des autres, du fait de mon expérience du semi-haut-niveau. J’arrive plutôt bien à visualiser ce qui va se passer pour notre défense.

Peut-on parler de saison parfaite en 2018/2019 ?

Je dirai presque parfaite. Si on avait pu gagner le match aller contre Gerzat… Contre Cusset, on a fait un non-match, ce qui peut bien évidemment arriver lors d’une saison. À Cusset, on a vraiment été absent sur le plan basket. Dans le premier quart-temps, on a mis 0 panier alors qu’on avait des tirs ouverts, on avait réalisé des bonnes séquences, mais personne n’a mis un seul panier. Et même dans ces conditions-là, on ne prend que 17 points, cela veut dire que, défensivement, on était présent. Mais, face à Gerzat, c’était plus un problème d’attitude, on s’est monté les uns contre les autres. Si on enlève ce match, c’est donc la saison parfaite. On remporte la Coupe de la Ligue, le parcours en Coupe de France est parfait puisqu’on fait une prestation plus qu’honorable contre les Espoirs de Chalon qui est une très grosse équipe avec des joueurs en Équipe de France et qui jouaient déjà en pro pour certains. Pour moi, c’est la meilleure saison que j’ai faite depuis que je joue en Seniors.

À quoi est-ce dû ? Quels étaient les points forts du groupe la saison passée ?

Déjà, il y a tout ce qu’il y a autour de la préparation. Amine est un entraîneur qui apporte beaucoup d’importance à la préparation physique, mais une prépa’ en lien avec le Basket. Lorsqu’on commence une saison, on est pratiquement prêt à faire une saison complète. L’année dernière, on finissait un match, on pouvait en faire un autre derrière. Non pas parce qu’on n’avait pas mis d’intensité, mais bien parce que nous étions prêts physiquement. Pour la plupart des matchs, on a creusé l’écart en deuxième mi-temps, et même face à Fos Provence Espoirs (en Coupe de France), on gagne le troisième quart-temps et c’est ce qui nous fait gagner le match. Il y avait aussi une part technique bien sûr, mais on remportait les matchs en partie sur la durée d’une rencontre. Une fois la spirale positive lancée, la confiance engrangée… Il y a également une très bonne entente dans le groupe, entre chaque joueur. On s’est pris la tête une seule fois la saison passée (juste après les défaites) mais sinon jamais !

Comment s’est passée votre préparation estivale ?

La préparation se passe très bien. Comme partout, au niveau amateur, et là où c’est problématique lorsqu’onévolue en National, on a du mal à avoir tous les joueurs présents chaque jour, et c’est normal car certains bossent du matin, de l’après-midi ou même de nuit, chacun à sa vie professionnelle, personnelle. C’est forcément difficile d’intégrer tout le monde, on a trois nouveaux cette saison donc il faut qu’ils jouent avec nous pour s’intégrer correctement. Par exemple, avec Chris (Naffer), j’ai fait un seul entraînement en commun sur cette prépa’. Après, une saison commence fin septembre, les matchs d’avant sont encore des rencontres de préparation même s’il y a l’enjeu du championnat. Physiquement, tout le monde a été sérieux cet été, la plupart des joueurs qui avaient du poids à perdre l’ont fait, dont moi en partie ! Tout le monde s’est maintenu en forme. Avec Jérémy Legrand, on a fait une coupure de deux semaines puis on s’est rapidement remis dans le bain.

Le maintien, est-ce l’unique mission de la N3 cette saison ?

Pour toutes les équipes qui montent, le maintien est forcément l’objectif. Plus tôt, on l’aura atteint, on peut espérer un autre objectif ensuite. Si, au mois de février, on voit qu’il nous reste qu’une victoire pour se maintenir, on visera un peu plus haut.

Que pensez-vous des recrues qui viennent d’arriver ? (Emeric Tardieu, Chris Naffer, Naïm El Khdar)

C’est de très bonnes recrues. Emeric est de la région, il avait un peu perdu l’envie de jouer ces dernières années. Actuellement, de ce que je vois, c’est notre meilleure recrue pour le moment. Chris n’avait pas joué au basket depuis 3-4 ans. Physiquement, il est prêt, c’est un coach sportif, il répond présent défensivement. Mais, dans le jeu, c’est un peu plus compliqué, il faut juste qu’il se remette dedans, mais tu vois que c’est un gars qui a du basket et, d’ici la fin du mois, il nous apportera énormément. Naïm, c’est un gars qui a joué toute sa carrière en N2, un peu de N3, il est plus à l’inverse de Chris. Sur le plan basket, il voit des choses que la plupart de l’équipe ne voit pas, mais sur le plan physique, il a du mal. Avant, il jouait beaucoup sur la vivacité, sur ses qualités athlétiques, et comme il le disait, à la fin de 20 ans de carrière, il n’a plus fait grand-chose. Il s’est très peu entretenu. Il est un peu en dessous, mais dans quelques semaines, il sera opérationnel. On a donc trois joueurs qui vont nous apporter de l’expérience. Emeric va apporter dans la raquette, Chris à la mène et Naïm sur tous les postes extérieurs.

Après, par rapport aux jeunes, ils sont prometteurs et pourront apporter en sortie de banc. On a notamment Enzo Monier qui s’entraîne pas mal avec nous et montre des qualités intéressantes alors qu’il n’a que 16 ans. Il aura du mal sur certaines séquences, mais dans l’animation offensive, il n’y a rien à lui dire pour le moment. En défense, même s’il est en dessous physiquement, il se bat, il a de l’envie et veut continuer à apprendre et progresser.

Quel est votre avis sur votre poule de N3 ? Connaissez-vous vos adversaires ?

Je connais la moitié de la poule, la majorité des clubs sont là depuis de nombreuses années. Clermont Basket, c’est leur dixième année en National, le Stade en a fait un bon nombre également. Les clubs lyonnais, donc Etoile Lagresle, Tarare et Caluire-et-Cuire, pratiquent un jeu rapide et physique, ce qui nous correspond. Après, l’autre partie, les équipes autour de Dijon et de Limoges, je ne connais absolument pas. La B du CSP Limoges devrait ressembler à celle de Vichy-Clermont avec beaucoup de jeunes et un ou deux anciens pour encadrer.

Un mot sur votre coach, Amine Fatih. Quelle est son approche avec les joueurs ? Quel style de jeu veut-il vous transmettre ?

Amine est un entraîneur qui est très proche de ses joueurs, à l’écoute, du moment que c’est dans le respect. Il est très à cheval sur certains aspects (les horaires, l’écoute, …), ce qui est logique, c’est une marque de respect. Le style de jeu qu’il veut nous inculquer est plutôt défensif et très rapide. C’est d’ailleurs le profil de l’équipe, on a des joueurs qui ont des qualités en défense et qui vont ensuite se projeter vers l’avant. On a des « petits » intérieurs qui vont être plus rapide que des intérieurs classiques, permettant ainsi de se retrouver en surnombre en attaque. Amine n’est pas quelqu’un qui va jouer sur les petits détails, il est plus dans la cohésion du groupe, il essaie de mettre les dix joueurs en confiance en match

Quatre clubs clermontois en N3 cette année. L’Auvergne, est-elle une « terre de basket » ?

On essaie de relever la tête comme on peut ! Avec la nouvelle région Auvergne Rhône-Alpes, la région auvergnate est considérée comme le petit poucet. C’est assez difficile d’obtenir des choses pour les clubs auvergnats, pour en avoir parlé avec Franck Bestoso (Cadre Technique Fédéral), il m’a dit que c’était vraiment compliqué. On peut dire que c’est une opportunité d’avoir quatre clubs, cela prouve que l’Auvergne est bien présent dans le Basket en National. La JAVCM devrait faire une bonne saison en Pro B en plus donc cela peut être très intéressant de suivre tout ça cette saison !