Laurent Maleo, entraîneur des gardiens du Football Club Riomois, et Max Klein, gardien de l’équipe une, reviennent tous les deux sur ce poste clé et unique sur un terrain de foot. Quelle est la principale qualité et le principal défaut d’un gardien ?
Laurent : Le poste de gardien demande beaucoup de qualités athlétiques comme la souplesse, l’explosivité, la détente etc…Mais, pour les ressources, les plus importantes sont la motricité et le mental.
Max : D’après moi, la principale qualité d’un gardien est la confiance en soi, tandis que le principal défaut semble être la déconcentration.
Comment devient-on gardien de but ? Est-ce inné ?
Laurent : Je ne sais pas, je pense que naturellement le poste t’appelle ou vient à toi, tu mets des gants pour la première fois tu sautes, tu plonges et tu sais que ce poste est fait pour toi !
Max : Devenir gardien fut pour moi une évidence. En effet, mon père lui-même l’était, nous pouvons donc voir ici une sorte de transmission, un phénomène « de père en fils ». De ce fait, la question ne s’est pas posée pour moi, je savais que je serai gardien. Nous pouvons donc dire que dans mon cas, c’était inné.
Quel est votre gardien pro préféré ? Pourquoi ?
Laurent : Barthez incontestablement ! Il avait toutes les qualités ! Après, je cite souvent en exemple à mes gardiens, Olivier Enjolras, avec qui j’ai eu le plaisir de partager deux saisons en tant que doublure et qui m’a vraiment tiré vers le haut grâce à sa force mentale et son professionnalisme.
Max : Mon gardien professionnel préféré est indéniablement Ter Stegen. Il a cette faculté à mettre ses coéquipiers en confiance, il installe avec ces derniers une communication instinctive, c’est-à-dire qu’ils savent qu’ils peuvent compter sur lui en toute situation. Il semble rendre le jeu simple pour les autres joueurs et c’est une qualité importante pour un gardien.
Donnez-moi une anecdote rencontrée dans votre carrière…
Laurent : Une qui m’a marqué, en déplacement avec le groupe 1 du Clermont foot, j’arrive avec mon partenaire de chambre deux minutes avant l’heure de rendez-vous dans la salle de réception de l’hôtel pour la causerie du coach, René Le Lamer. Étant les deux plus jeunes et les derniers arrivés, il a commencé la causerie juste avant que l’on passe la porte et, sans nous regarder, il a tendu le doigt vers nous en disant sèchement « attendez dehors !! » ça nous a valu un repas à côté de lui le midi sans piper mot et nous nous sommes fait copieusement chambrer par le reste de l’équipe !
Max : Mon anecdote n’est pas des plus marquantes dans une carrière de gardien, certes, mais elle reste frappante pour moi. C’était en 2018. Je jouais en U18 à Riom. Et alors que j’étais capitaine pour la première fois, il s’avère que mon équipe s’opposait à mon ancien club, le Clermont Foot. J’étais très fier et très content bien sûr, surtout que j’avais sorti un très beau match. C’était donc un très beau tableau pour une première en tant que capitaine.
Que travaillez-vous lors d’un entraînement de gardien ?
Laurent : Pour moi ça passe par beaucoup de répétitions techniques, mais c’est aussi apprendre aux gardiens à gérer les temps forts et les temps faibles tout comme sa concentration. Il faut aussi qu’ils puissent communiquer pour diriger sa défense, lire des trajectoires. On travaille également sa motricité, pour améliorer la vitesse de déplacement, ce qui permet souvent de faire la différence.
Quel est l’objectif du FC Riom à moyen terme ?
Laurent : Je pense que le club et notamment l’équipe technique ont des ambitions, dans la lignée de ce que veut Thierry Vincent. Mais l’objectif est de structurer le tout avec des bases solides pour pouvoir évoluer solidement en R1 et monter dans les meilleures conditions possibles d’ici quelques saisons.
Comment s’est passé ce 7e tour de Coupe de France à Noisy-le-Grand ?
Max : Le match contre Noisy restera gravé dans ma mémoire je pense. Il a demandé une préparation rigoureuse et une intense concentration.
Cette rencontre entre Riom et Noisy officialisait le 7e tour de la coupe de France. C’était donc une exceptionnelle et importante occasion pour le club, donc tout le monde était sous pression. Pour ma part cette pression semblait plus grande, car ce match était mon premier de la saison avec l’équipe 1.
La veille du match, il m’était impossible de dormir. Le stress m’envahissait de plus en plus et me gardait éveillé. J’abordais alors la journée du match dans le même état de stress, et celui-ci me gagnait de plus en plus. Il était renforcé par la plupart des personnes présentes (joueurs, coachs, etc..) qui tentaient maladroitement de me rassurer. Seuls Jean-Luc, entraîneur des gardiens, et Nicolas Verdier, gardien lui-même, parvenaient à m’apaiser et à me mettre en confiance.
Enfin l’heure du match. Dès mon arrivée au stade, les supporters adverses faisaient sentir leur présence, et n’attendaient pas le début de l’échauffement pour m’accabler d’insultes et de moqueries en tout genre. Cette tension durera tout le long de la rencontre, les insultes devenant de plus en plus violentes.
Ce climat perturbant demandait une grande concentration pour faire abstraction de ce cadre des plus pesants.
Je rentrais alors dans ma bulle et j’avais cette sensation que, finalement, rien ne pouvait plus m’atteindre. La concentration sera ma plus fidèle alliée durant tout le match.
Durant la rencontre, je réalisais un très bon match, je faisais des arrêts décisifs et conservait ma cage inviolée jusqu’à la 110eme minute. Noisy marqua ce but et l’emporta 1-0 en prolongation. La défaite fut très amère et difficile à digérer. Elle engendra même quelques larmes qui me surprenaient moi-même.
Néanmoins très vite ce beau parcours et cette belle expérience de Coupe de France regagnèrent mes pensées et me redonnèrent le sourire.
Je garde malgré tout un très bon souvenir de cette journée.