Pour la deuxième année consécutive, l’ASM Lutte maintient sa position de leader au Ranking National. Nous avons interviewé Rodolphe Kreutzer, ancien pratiquant devenu directeur technique de la section lutte. À noter que Burak Demirkoparan (Champion de France 2025) est en photo de couverture, et Khamzar Adamov (CdF 2024) est en photo dans l’article.

 

Félicitations pour cette première place ! Quelles sont vos premières réactions face à ce maintien au sommet du Ranking National ?

Merci ! La réaction est déjà gratifiante pour nous, pour le staff et l’entraîneur. On fait du bon travail, et cela nous permet de voir si ce que nous faisons pendant l’année est pertinent ou non. Ça nous permet aussi d’identifier les lacunes. Ces derniers temps, nous sommes allés chercher ces premières places. Mais on peut dire que c’est grâce à deux styles principalement : la lutte libre et la lutte gréco-romaine, et surtout chez les jeunes de 15, 17 et 20 ans. Nous avons un style où nous sommes vraiment en avance. C’est donc le fruit de notre travail. C’est vraiment pour la saison prochaine que nous voulons un petit peu, on va dire, augmenter le niveau, notamment en lutte féminine où nous ne sommes pas bons, vraiment pas bons.

 

Sur l’ensemble de l’année 2024, quels ont été selon vous les facteurs clés qui ont permis à l’ASM de conserver cette position de leader ?

Notre point fort en lutte se situe chez les jeunes. Et c’est grâce à ces jeunes, issus de ces deux styles (libre et gréco-romaine), que nous arrivons à obtenir de bons résultats. Nous avons beaucoup de monde, avec des groupes d’entraînement de plus de 30 jeunes adolescents. Certains commencent avec peu d’expérience, mais ils atteignent vraiment un très bon niveau. Nous participons à tous les rankings de France et ils y sont vraiment performants. Il y a des moments où ils gagnent ou montent sur le podium. Et puis, la deuxième chose, c’est que nous organisons un ranking, appelé le trophée des Volcans, au mois de décembre cette année. Et là, nous envoyons tous nos jeunes, et nous sommes imbattables.

Et quelles équipes recevez-vous par exemple ?

Ça vient de partout en France, mais aussi d’Italie, d’Espagne, de Suisse, de Belgique, des Pays-Bas et du Royaume-Uni. Il y a même eu une année où nous avons eu un club de Biélorussie, un club d’Estonie et des clubs d’Égypte. Ça vient vraiment de partout. C’est une grosse compétition qui a lieu à l’Arténium de Ceyrat, un espace géant où nous installons 8 tapis et 8 zones de combat. Cela nous permet de faire participer énormément de monde à notre club, environ 200 lutteurs.

 

Et est-ce que cela met une certaine pression d’être numéro 1 et d’organiser ce type d’événement ? Ou est-ce qu’au contraire cela motive ?

Oui, mais la pression est positive, c’est plutôt une motivation. Nous essayons d’impliquer les jeunes dans le projet en leur expliquant que nous tenons à notre place. Même s’ils ne sont pas sur le podium ou n’obtiennent pas de premières places, le fait de participer leur apporte une expérience. Oui, cela reste motivant. Et comme nous avons un nombre assez important de lutteurs, forcément, certains se retrouvent sur le haut du podium. L’an dernier, nous en avions même 24.

 

Cette année, y a-t-il eu des moments où la première place a été particulièrement disputée ?

Oui, là, cette année, pour le moment nous sommes troisièmes. Donc, nous ne sommes pas sûrs d’aller chercher cette première place. Mais il y a encore des championnats. Dans deux semaines et demie, le 26 et 27 avril, à l’Arténium de Ceyrat, il y a le Championnat de France, et le but est de prendre des points.

 

Le Ranking prend en compte les performances individuelles. Comment l’ASM encourage-t-elle et soutient-elle le développement de ses athlètes pour qu’ils performent au niveau national ?

Déjà, il y a la possibilité de s’entraîner tous les jours pour les U17, les U20 et les seniors. Ceux qui ont le temps, qui se sentent capables, qui ne sont pas trop pris par leurs études ou leur travail et qui le souhaitent, peuvent venir à la salle tous les jours. Les U15, eux, ont la possibilité de s’entraîner quatre fois par semaine.

Deuxièmement, à partir des U13, ils ont au moins une séance de préparation physique par semaine avec un coach spécialisé qui n’est pas un professeur de lutte et qui maîtrise bien son domaine.

 

Et est-ce qu’il y a une approche de préparation mentale en plus ?

Alors, il y a cette possibilité, oui. C’est proposé à l’ASM en espoir. Nous avons des préparateurs mentaux et s’ils le souhaitent, les jeunes peuvent prendre rendez-vous pour bénéficier d’une préparation mentale.

 

Quelles sont les spécificités de l’entraînement à l’ASM qui permettent d’avoir un aussi bon niveau, tant au niveau collectif qu’individuel ?

Nous parvenons à organiser des entraînements spécifiques pour les moins de 13 ans, les moins de 15 ans et les moins de 17 ans. Ainsi, comme c’est compartimenté, chacun doit se donner à fond. Le senior ne va pas se dire qu’il va y aller doucement pour faire de la technique.

Donc, forcément, nos jeunes progressent rapidement car ils sont confrontés à de la combativité. Une concurrence se met en place, et ainsi, nous arrivons à avoir des lutteurs qui atteignent rapidement le haut niveau. C’est très hétérogène. Nous avons un bon staff avec pas mal d’éducateurs, ce qui nous permet de nous répartir les tâches toute la semaine. Nous arrivons à proposer 24 séances de lutte par semaine.

 

Quels sont les prochains objectifs pour l’ASM au niveau national ?

La féminisation. C’est notre priorité. Nous allons essayer de trouver la solution pour faire venir des filles, pour leur donner le goût de cette activité et de la compétition. Voilà le maître mot. L’idée pour notre projet de l’an prochain est déjà d’avoir un recrutement et un projet de féminisation de notre section.

Et le deuxième point où nous sommes un peu moins performants, c’est chez les seniors. Nous en avons quelques-uns, mais nous n’avons pas vraiment l’équipe senior que nous devrions avoir. Il y a le championnat de France par équipe, auquel nous ne participons plus depuis quelques années. Pourtant, nos seniors sont attirés par ce championnat car il y a de petites primes de match. En lutte, il n’y a pas beaucoup d’argent, mais le championnat de France par équipe peut aider certains lutteurs. Donc, l’idée est que nous revenions cette année à ce championnat. Le but est de retrouver notre place chez les seniors, celle que nous avions il y a quelques années.

Pour la saison prochaine, nous allons nous inscrire en troisième division. Cela se déroule sur un week-end, et si nous montons sur le podium, nous aurons peut-être un accès à la D2. L’idée est de proposer à nos seniors un championnat de France par équipe pour les garder au club. Donc, pour vous, les facteurs clés de cette année sont finalement les jeunes. Ce sont eux qui ont le plus aidé à conserver cette position, principalement les catégories U17 et U20, et dans les deux styles : la lutte libre et la lutte gréco-romaine.

 

Comment contribuez-vous à alimenter ce développement de la lutte ?

Alors, nous n’avons pas vraiment d’élus au niveau de la région pour essayer d’aider, que ce soit au niveau régional ou fédéral. C’est vrai que c’est un projet fédéral d’augmenter le nombre de licenciés, et nous parvenons à le faire localement au niveau des clubs. En effet, depuis cette année, il y a une dynamique au niveau de Clermont Métropole. Les entraîneurs et les dirigeants essaient de se voir régulièrement. Comme je le disais, parfois, le fait d’apporter des contributions peut aider à faire progresser nos jeunes au bon niveau.

 

Quel message souhaiteriez-vous adresser aux athlètes, aux entraîneurs et aux supporters de l’ASM suite à ce maintien à la première place du Ranking National 2024 ?

Alors, pour nos jeunes, nous sommes là toute l’année. Il peut y avoir des moments où il y aura beaucoup de monde, et des moments de déception. Le moral des lutteurs peut parfois jouer, et même les entraîneurs peuvent avoir des moments de fatigue. Le but est de ne rien lâcher, car la saison est très longue.

Il y a des périodes où il n’y a pas grand-chose à faire, puis des périodes où nous avons des compétitions régulièrement toutes les semaines. En ce moment, nous sommes dans une période intense. Il est donc important que nous fassions attention à notre état de santé, et que les athlètes ne se blessent pas à cause de l’enchaînement des compétitions. C’est ce qu’il faut faire. Et bien, nous allons essayer de corriger les petits détails là-dessus, en faisant en sorte que chaque jour où ils viendront dans cette salle, ce ne soit jamais la même chose qu’hier.