Vivre de sa passion. Ce sont les mots qui décrivent de la meilleure des manières Arthur Rolle, jeune clermontois et professeur de parape…Vivre de sa passion. Ce sont les mots qui décrivent de la meilleure des manières Arthur Rolle, jeune clermontois et professeur de parapente. Instructeur avisé, il partage son savoir avec assiduité et beaucoup de professionalisme. Zoom détaillé sur son parcours et sa profession.

Tu pourrais revenir en quelques phrases sur ton parcours ? Tu as découvert le parapente assez tard, qu’est-ce qui t’as poussé à t’y intéresser ?

J’ai toujours voulu voler mais les sports aérien en général sont onéreux ! J’ai découvert le parapente pendant mes études, un ami que j’ai rencontré à la fac débutait dans ce sport et m’a invité à faire mes premiers essais de gonflage de voile au sol. Le voir voler m’a tout de suite rendu fou de jalousie ! Du coup je me suis vite inscrit chez Freedom Parapente pour pouvoir moi aussi accéder au vol. Après ce stage, j’ai acheté mon premier pack, une voile, une sellette et un parachute de secours, et j’ai accordé énormément de temps à la pratique. Travail du maniement de voile au sol et premiers grands vols en autonomie. A force d’investissement et de motivation (progresser à plusieurs en parapente, c’est un vrai avantage) j’ai pu évoluer rapidement vers des vols de plus longue durée, puis des vols de distance et me tourner progressivement vers la voltige. Quatre ans après, après deux saisons de compétition, j’ai pu faire de ma passion mon métier et je suis actuellement élève moniteur dans l’école Freedom parapente qui m’a accompagné tout au long de ma progression.

Quelle est ta spécialité ? Tu fais aussi des figures ? Il doit y avoir un langage plus technique pour cela

J’ai pas réellement de spécialité dans le milieu, je touche à tout. J’aime le vol de distance au sein même des volcans d’Auvergne, mais aussi à travers les différents massifs alpins, j’aime partager ma passion à travers les vols en tandem, j’aime transmettre et voir le regard émerveillé des élèves de l’école quand ils font leurs premiers vols. Mais j’ai quand même une petite préférence pour la voltige, cette pratique demande une bonne discipline, de la finesse dans le pilotage, c’est très beau à regarder et pour prendre sa dose d’adrénaline il n’y a pas mieux ! Le langage en voltige est un peu spécial. Oui, on parle de misty, d’héli, de sat, de tumbling, de cork… et pour parler des connexions entre chaque figure on associe les noms. Bref, c’est un jargon spécifique comme pour tous les sports.

Qu’est-ce que tu ressens quand tu es en l’air ?

En l’air, ce qui est cool, c’est que tu oublies tout ce qu’il y a autour, tu es concentré sur ce que tu fais tout en prenant le temps de profiter du paysage, chaque vol est unique. En plus, le fait de ne pas avoir de moteur te laisse juste le bruit du vent dans les oreilles. Et puis avec la vue que tu as de tout en haut, tout prend une autre dimension.

Tu as un spot que tu affectionnes particulièrement ?

Je vais faire le chauvin en te disant le Puy-de-Dôme mais c’est mon décollage favori. Quand tu connais le site par cœur tout devient plus plaisant et facile. Après, sincèrement, j’adore aller sur Annecy pour voler autour du lac, m’entraîner à la voltige, aller jouer sur la dune du Pilat en faisant du vol de proximité, et découvrir de nouveaux massifs surtout dans les Alpes du sud où l’on peut atteindre des altitudes assez hallucinantes !

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Tu fais aussi pas mal de compet’, comment ça se déroule ?

La compétition, avec la formation de moniteur c’est devenu plus compliqué mais je vais m’y remettre rapidement. Ce sont des courses pour parler plus vulgairement. En gros, tu as une balise de départ et une d’arrivée (qui peut être la même) et plusieurs autres balises à passer entre, ça dessine un circuit. Le but est d’arrivé à boucler le parcours, le plus rapidement possible. Les compétitions cross comme celles-ci font en général entre 50 et 110 kilomètres. Ce qui est bien, c’est que tu découvres de nouveaux spots à chaque fois et tu voles en groupe ce qui permet d’être plus performant que si tu découvrais le spot seul.

Tu as des personnes qui t’inspirent dans ce sport ?

Dans l’activité ouais il y a plusieurs mecs qui m’inspirent notamment en voltige où les athlètes français sont plutôt dans le haut du classement mondial, Théo de Blic, Tim Allongi… Les vidéos de Jean Baptiste Chandelier sont aussi une belle vitrine de notre sport, je les recommande. Je suis pas un fanatique mais j’apprécie ce qu’ils font et je trouve qu’ils véhiculent une bonne image de notre activité. Après, au-delà de ça, sur l’approche et la transmission de savoir, je m’inspire des professeurs que j’ai eu tout au long de ma formation. Henri Montel et Nicolas Treins ont pour moi une pédagogie, un savoir de l’activité et une pratique que j’espère pouvoir maîtriser aussi bien qu’eux dans les années à venir.

Il y a, je suppose; des règles à respecter.. on parle du parapente souvent comme un sport extrême, mais y-a-t’il forcément un risque élevé ?

« L’engagement s’arrête là où l’exposition commence ». Il y a la notion d’engagement car c’est un peu contre nature pour l’homme de voler, mais tant qu’on choisi ses conditions de vols et qu’on ne brûle pas les étapes de la progression on reste en contrôle sur notre pratique, on ne s’expose pas au danger et rien ne peut nous arriver. La quasi-totalité des accidents en parapente sont dus au facteur humain, des conditions de vols pas adaptées au niveau du pilote ou le choix d’un matériel trop exigeant. Donc non le parapente n’est pas un sport extrême de base, c’est un sport aérien et assez méconnu du grand public donc c’est pour cette raison qu’on le range dans la case des sports extrêmes. Cependant, quand on arrive dans le haut niveau, la compétition, le vol de distance ou la voltige demandent une part d’engagement supplémentaire et donc, à ce moment-là, on se rapproche plus du sport « extrême ».

Quels arguments tu pourrais utiliser pour motiver les lecteurs de Clermont Sports à venir essayer le parapente ?

Reste plus qu’à essayer maintenant, à l’école nous avons des élèves qui viennent de tout horizon, toutes les classes sociales y sont représentées. C’est une pratique relativement fédératrice. Pour ceux qui se poseraient des questions, un vol tandem pour découvrir l’activité peut être une bonne chose. En comparant avec les autres sports aériens, le parapente reste le moins cher et on peut être rapidement autonome.

Quel est ton objectif à long terme?

J’ai pas de prétention particulière, je cherche pas à être le meilleur ou le nouveau champion du monde. Je préfère me concentrer sur l’enseignement et le partage de ma passion, continuer de travailler avec les copains, et me dégager du temps libre pour continuer à pratiquer pour moi mais aussi apprendre et découvrir d’autres pratiques.

Un message particulier pour finir?

« La peur est toujours là alors qu’elle n’a pas lieu d’être. Il faut la juguler pour avancer quand tout te crie de ne pas y aller »

Crédits photos : Arthur Rolle