Consultant sur ICI Pays d’Auvergne, l’ancien coach du Clermont Foot, nous livre ses ressentis sur l’état actuel du club, barragiste de Ligue 2 et qui inquiète fortement les supporters quand à son avenir à 9 journées de la fin.

 

Thierry, qu’est-ce qui se passe ou plutôt qu’est-ce qui ne se passe pas au sein du Clermont Foot cette année ?

Il se passe que déjà sportivement parlant, nous sommes dans une situation plus que délicate. Nous sommes barragistes et nous venons de nous faire bouger par une équipe de Caen, vendredi dernier qui était décrochée à 9 points de nous derrière et qui n’avait pas gagné depuis 3 mois. En première période Caen était à 70% de possession de balle, ce qui fait qu’on a couru une bonne partie de la rencontre après le ballon. Depuis que je suis passé au Clermont Foot et dans les années qui ont suivi, je n’ai jamais vu une équipe aussi faible.

 

Quelles en sont les raisons principales ?

En premier lieu, nous avons des joueurs très moyens. Visiblement, le recrutement n’a pas tendu vers la qualité, ce qui offre un fond de jeu pauvre avec des joueurs qui n’arrivent pas à monter leur niveau pour jouer en Ligue 2. Vendredi, je me suis enthousiasmé lorsque Clermont a réussi à faire 4 passes et un centre, c’est dire le niveau de jeu. Quand on voit les 3 équipes qui sont descendues de ligue 1, il y en a 2 qui jouent la remontée tout de suite (Lorient et Metz) car ils ont gardé la plupart de leur effectif et Clermont qui essaye de jouer le maintien. Mais très honnêtement, j,aimerais me tromper mais je pense que nous allons tout droit en national. On peut mettre les meilleurs coachs du monde sur le banc de touche, cela ne va pas changer grand-chose. Cette équipe est faible et n’a pas la « grinta » pour essayer de se sauver. De ce que j’ai observé vendredi, il n’y a pas de rébellion, malgré un scénario favorable (penalty loupé par Caen). Cette équipe laisse venir les choses et ne réagit pas.

 

« Le mal est profond »

 

Les supporters se posent la question du projet du club porté par le président. On sait ce qu’il en est ?

Je trouve les supporters gentils déjà. Pour la première fois, au Montpied, vendredi, on a vu apparaître une banderole comme quoi le président Schaefer se mettait pas mal d’argent dans la poche, mais que sur le plan sportif, c’était une catastrophe. Je crois que le mal est profond. On m’avait prévenu en me disant que ce président était venu pour faire de l’argent, et ça, je ne l’ai pas vu venir. Un jeune président comme cela, très enthousiaste a surfé dès la première année sur la montée en ligue 1, mais par la suite, je me suis aperçu qu’il est plutôt pour se faire des dividendes, et qu’il ne porte que peu d’intérêt à la ville de Clermont et au Clermont Foot. Parallèlement, et je sais de quoi je parle puisque j’ai été 15 ans directeur du stade Montpied, nous allons avoir un stade de 16000 places, pour jouer en National. C’est une situation assez ubuesque. Qui va le remplir ? Je comprends aujourd’hui les opposants à la mairie de Clermont qui étaient contre ce projet d’agrandissement. Ils vont avoir du grain à moudre.

 

« Trouver les bons arguments »

 

Quelle serait la solution d’urgence, s’il y en a une ?

J’ai bien peur qu’il n’y en ait pas dans l’immédiat. Nous ne pouvons plus recruter. Il aurait fallu au lieu de vendre à tout-va (Jacquet, Seidu), réinvestir également. Maintenant, arriver au mois de mars à 9 matchs de la fin, il faut espérer que ce groupe en place réagisse enfin, sous l’impulsion du coach Laurent Battles, qui doit trouver les bons arguments pour inverser la dynamique. Mais très honnêtement entre la qualité du jeu et l’état d’esprit montrés l’autre soir, ça va être compliqué. La place de barragiste, il faut être fort mentalement pour jouer les barrages surtout quand on est dans une spirale négative.

 

Sale temps, pour conclure, pour nos 2 clubs phares de Clermont-Ferrand ? (Foot et Rugby).

Si l’ASM reste sur 4 défaites de suite, vu ce que j’ai observé contre Bayonne, dimanche soir, l’envie est présente, mais pas la réalisation. La place dans le Top 6 est encore jouable et la situation n’est pas identique. Le Clermont Foot n’a pris que 2 points sur 21 possible en 7 matchs (2 nuls et 5 défaites). Pour l’ASM, c’est 8 défaites en 10 matchs, ce qui fait beaucoup, mais il y a un matelas de points intéressant et un calendrier avec 2 réceptions à la suite plus favorable. Mais il faudra être vigilant, dans ce championnat très âpre.