Il est arrivé à l’ASM en 1985 où il a joué jusqu’en 2001, aujourd’hui il est le patron de la cave à Louis à Clermont-Ferrand depuis 6 ans. Il est né à Quillan dans l’Aude, où il a fait toutes ses classes de joueur de rugby. Il est parti une saison à 18 ans à Carcassonne dans l’élite. Il a porté le maillot jaune et bleu 437 fois, record absolu. Il est toujours passionné et va voir son équipe fétiche à chaque match à domicile.

 

Comment s’est passée ton arrivée à l’ASM ?

Les premiers pas à l’ASM ont été très compliqués, parce que je ne jouais pas du tout ! Il a fallu malheureusement qu’il y ait des blessés pour que j’ai l’opportunité de jouer, de faire les phases finales, c’est l’année de la victoire en challenge Yves du Manoir (1986) qui était une grosse compétition à l’époque. Cette saison 85-86, j’ai fait des matchs corrects avec la fougue de mes 20 ans, j’avais envie de percer. Je jouais à côté de joueurs confirmés, tels Joël Molénat et Jean-Claude Langlade entres autres, ce qui m’a permis d’apprendre très vite.

 

A l’époque c’était l’AS Montferrand où l’esprit de clocher était toujours présent ?

Oui c’était l’esprit rugby, l’esprit convivial, on partageait beaucoup avec nos supporters, un peu trop des fois. C’est peut-être ce qui nous a coûté quelques matchs en phases finales, où il aurait fallu avoir ce recul nécessaire en leur disant attendez il ne reste qu’un match. Mais, tout ce qu’on a fait on l’a fait avec envie, on n’a pas de regret par rapport à ça. L’amour du maillot était présent, les supporters étaient comme aujourd’hui remplis de ferveur, l’ambiance dans la ville, qui est une ville de rugby, était formidable. L’ASM occupait tous les esprits.

 

1993-1994 était une belle saison pour toi ?

Absolument, nous avions une équipe moyenne sur le papier, mais une belle cohésion, c’était notre atout supplémentaire. Nous faisons deux finales, la première contre Toulouse en championnat et la deuxième contre Perpignan en challenge Yves du Manoir, qu’on perd, malheureusement. Toute la saison nous avions dominé le championnat, tout le monde nous voyait champion ! Nous étions solidaires, on avait souffert devant contre Toulon en 1/4 de finale, qui s’était entêté à ne pas prendre les points. Sur un gros coup de pied de dégagement, on récupère une pénalité et Marc Pradier qui était incroyable passait tout. Contre Grenoble on se qualifie sur l’envie en 1/2, et cette cohésion faisait la différence. En finale contre Toulouse, il y a des faits de match qui nous permettent pas de basculer du bon côté. Il y avait une vraie fraternité, même avec les coachs Bertrand Rioux et Patrick Boucheix ainsi qu’avec Victor Boffelli. On respectait leurs choix.

 

Qu’est-ce qui a manqué pour remporter le Brennus ?

Un peu de lucidité par rapport à l’évènement je pense. Il y avait un petit moment que l’ASM n’était pas allée en finale (depuis 1978), beaucoup d’attente également, on a subi pas mal de pression, inconsciemment nous nous en sommes pas rendus compte, et il n’y a eu personne pour nous dire « les gars, on n’a rien gagné, faites attention ce sera compliqué ». Nous avions passé notre semaine à prendre des billets pour la famille, les amis, etc. Pour parler du match, Fabien Bertrank qui glisse alors qu’il filait à l’essai, Raphaël Saint-André qui tape un peu fort au pied alors qu’il était seul dans l’en-but, et après l’essai de Christophe Juillet Toulouse marque trop vite derrière par Cazalbou en coin, après que le ballon ait rebondi sur un genou d’un de ses partenaires. On perd 22-16, nous n’étions vraiment pas loin. Je jouais en 10. Toulouse avait un peu plus l’habitude de ces grands rendez-vous. Nous étions programmés pour gagner, d’ailleurs la saison d’après, nous avions failli descendre, parce qu’on se voyait peut-être un peu trop beaux, et c’est Gaëtan Héry qui passe la pénalité du maintien au SBUC.

 

Quel est le joueur qui t’a le plus marqué avec qui tu as joué ?

Christian Rizon, avec qui j’avais beaucoup d’affect. Quand je suis arrivé à Clermont je travaillais avec lui aux Gravanches, on faisait les stades, tout le monde disait que c’était un bon joueur mais qui aimait un peu trop la vie, mais ce qu’il faut savoir c’est que le lundi on faisait notre footing de décrassage quoiqu’il s’était passé la veille. Il était en avance sur les autres, il était gaillard. Pendant le tournoi, il était toujours remplaçant parce qu’il était barré à son poste, il n’a jamais eu la chance d’évoluer au niveau qui était le sien. Il était respecté de tous, un mec très gentil, tout le monde l’appréciait sur et en dehors du terrain.

 

Quelle est la différence entre aujourd’hui et il y a 25 – 30 ans ?

Par exemple, nous allions jouer à Bayonne en bus, nos matchs étaient le dimanche. Quand nous revenions du Pays Basque à 3-4h du matin à Clermont, et qu’il fallait se lever à 6h30-7h pour aller bosser c’était un autre monde. Aujourd’hui, les joueurs sont professionnels, ils ont des structures sportives formidables, des conditions de vie qui font qu’ils peuvent vivre de leur passion en toute sérénité même si les clubs ont des exigences, ce qui est tout à fait normal. Pour ma part, je pense que les joueurs doivent se connaître et avoir des connexions autres que le rugby. C’est important d’apprécier son coéquipier, de le connaître hors rugby.

 

L’ASM a retrouvé son niveau à ton avis actuellement ?

Il faut rester modéré, on a vu par le passé qu’on peut vite se retrouver 7 ou 8e si tu perds deux ou trois matchs de suite. C’est bien et je suis content de ce qu’il se passe actuellement, d’ailleurs on se régale de plus en plus au Michelin, mais en termes de jeu parfois on s’ennuie un peu, mais sur l’envie, on sent que les joueurs progressent. Comme le dit Christophe Urios, il faut continuer pour confirmer ces bonnes dispositions. Le championnat est relevé. Clermont n’a quasiment pas d’internationaux, c’est un mal pour un bien, parce qu’il est vrai que les organismes peuvent se reposer sur une trêve internationale, quand c’est possible. Je pense que l’ASM a fait le bon choix de garder Urios, parce qu’autrement tu repars à zéro avec un autre staff. Par contre, le temps est compté mais il le sait lui-même. Il faut finir dans les 6 quand tu t’appelles Clermont.

 

Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?

La santé, un peu de travail, et pourquoi pas les phases finales avec l’ASM. Peut-être pouvoir exposer le bouclier de Brennus dans la vitrine de la Cave à Louis, on ne sait jamais, en sport tout est possible, même si la concurrence est rude.