Il a 30 ans, il fait partie de l’équipe de l’ASM de rugby fauteuil depuis 2012, et il est en équipe de France depuis 2017. Il est champion d’Europe avec la sélection nationale en 2022 et en 2023 ! Il remercie l’ASM, pour avoir à disposition des infrastructures performantes, des salles d’entraînement, des salles de match, le cabinet médical, la salle de préparation physique. Sans oublier l’achat de matériel, des fauteuils. Il aimerait que son sport soit encore plus médiatisé, pas que tous les 4 ans, même si des progrès sont à noter ces dernières années. La chaîne l’équipe avait retransmis des matchs de l’équipe de France hors JO.
A 30 ans, vous avez acquis une certaine expérience ?
Effectivement, j’ai joué toutes les saisons à l’ASM en jouant dans les différentes divisions (N1 – N2 – N3), et puis avec l’équipe de France on apprend beaucoup forcément sur les tournois internationaux, pendant les stages avec le regroupement des joueurs Français. J’ai découvert le rugby fauteuil aux alentours de 2010 par une sensibilisation de l’association Handi’School et par Adrien Chalmin. Je me suis entraîné régulièrement à partir de 2012, ça m’a tout de suite plu par le fait que ce soit un sport collectif et de contact. Nous sommes devenus amis avec Adrien, et on a joué ensemble jusqu’aux J.O de Paris. C’est une belle histoire !
Comment se sont passés les Jeux Paralympiques de Paris ?
Pour moi c’est en deux parties, il y a la partie sportive où nous sommes un peu déçus car nous visions une médaille alors qu’on termine que 5e. Pourtant 5e c’est une belle place, c’est la meilleure enregistrée par l’équipe de France de rugby fauteuil, mais le fait d’être chez nous, on voulait apporter cette médaille pour tout le travail effectué dans son ensemble. Il y a aussi la partie festive avec l’engouement du public, quel bonheur de jouer devant des milliers de supporters avec une chaude ambiance, on n’a pas l’habitude de jouer devant autant de monde en championnat de France.
Il y avait une certaine pression sur vos épaules ?
C’est clair que nous avions une pression assez importante car notre objectif était une médaille, en plus devant nos familles, nos amis ! Notre groupe se préparait depuis des années pour cette grande compétition, nous étions programmés pour ça. Depuis toutes ces années, quand on se réveillait on avait Paris 2024 en tête, on se préparait aussi mentalement. Nous sommes passés également par des bons moments, mais on a travaillé dur. Maintenant, il faut se tourner vers l’avenir.
Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?
Toutes les équipes affichaient un gros niveau, je pense que c’était la paralympiade la plus relevée ! Chaque équipe a su s’appuyer sur les points faibles de leurs adversaires, les Australiens et le Royaume-Uni ont été plus forts que nous notamment. On bat le Canada (53-50) pour la 5e place, c’était vraiment une belle victoire, ainsi que l’Allemagne et le Danemark, ce qui veut dire que nous avons fait de belles prestations. Malheureusement, nous n’avons pas pu nous qualifier pour les demi-finales. Nous avons quelques regrets bien sûr, mais nous avons tout donné, et on ne perd que d’un seul point contre le Royaume-Uni (50-49), et que de deux contre l’Australie (55-53). Nous étions tout proches !
C’est pas trop difficile de se replonger dans le quotidien ?
Si, il faut un petit peu de temps pour se remettre de ses émotions, et se replonger dans le quotidien. Honnêtement, de reprendre l’entraînement et de se fixer un nouvel objectif, c’est très difficile ! Les prochains Jeux sont dans 4 ans, c’est loin, entre-temps il y a un championnat d’Europe en 2025, il faut se remobiliser et montrer aux autres équipes que nous sommes une équipe forte et que nous serons bien présents. Pour ma part, c’est pas évident de se remotiver juste après les J.O, mais avec l’ASM, nous avons déjà repris la compétition avec deux week-ends en N3. Je reconnais que je ne suis pas encore à 100% comme j’ai pu l’être avant les Jeux.
Les Championnats d’Europe arrivent à point nommé ?
Exactement ! C’est une compétition qui va tous nous relancer, et déjà d’essayer de garder notre titre car nous avons été champions d’Europe en 2022 et en 2023. Cela nous permettra de relancer la machine, et si on fait un bon résultat, on repartira sur un cycle, tout en gardant à l’esprit d’aller chercher une médaille à Los Angeles en 2028. Tout le monde mérite une médaille, quand on voit tout le travail réalisé ces dernières années pour le rugby fauteuil, notamment dans les clubs. Une médaille d’or sera l’apothéose !
Avec l’ASM, tout va bien ?
Cette saison, nous avons des nouveaux joueurs et des retours d’anciens joueurs qui avaient arrêté. Nous avons un gros effectif en termes de joueurs, on a décidé de s’inscrire en N3, pour parfaire une cohésion qui va nous aider à se construire dans la durée, avec les joueurs qui ont acquis de l’expérience les années précédentes. C’est un beau mélange de jeunes joueurs et de joueurs aguerris. Nous avons perdu et gagner des matchs sur deux phases de championnat, mais l’objectif est de travailler et de faire jouer tout le monde pour faire progresser le groupe.
Vous repartez en N3, le dernier niveau du championnat, pourquoi ?
Le rugby fauteuil est un sport qui a beaucoup de petites règles subtiles à connaître, et des réflexes à prendre. C’est un sport qui demande à se connaître entre coéquipiers, notamment au niveau du handicap de chaque joueur. Tout ceci prend du temps, et la N3 est la division idéale pour aligner tous ces paramètres. L’objectif est de monter en N2 dès qu’on le pourra ! Pour info, Adrien Chalmin est toujours joueur de l’ASM. Cette année, la N3 est relevée avec des équipes comme Toulon qui a été très solide, Grenoble, Montpellier, des équipes qui sont bien structurées. Il y a des joueurs qui débutent, en deux mois on ne peut pas apprendre toutes les règles, toutes les stratégies. Bien se connaître, car on a tous des handicaps différents, est-ce que je peux faire une passe forte moins forte sur quel bras, etc.
Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?
De faire une belle saison avec l’ASM, que tout le monde progresse vite, ce serait parfait de jouer les phases finales. Et puis, avec l’équipe de France, de continuer à être sélectionné, je dis que je continue mais il faudra que les coachs me choisissent. Mon souhait est de garder le titre de champion d’Europe ! J’ai un souhait encore plus cher à mon cœur, que les gens ne viennent pas voir des handicapés faire du sport, mais plutôt des sportifs handicapés.