Francis Graille nous a reçus pour nous faire part de toute son expérience dans le milieu du football. Il a été président de Lille entre 1999 et 2002, puis président délégué du PSG entre 2003 et 2005. Pour terminer, il était le président de l’AJ Auxerre de 2017 à 2021. Il est contre de dire que le niveau du football français est faible, il s’appuie sur les résultats des dernières années de l’équipe de France, et la belle campagne européenne cette saison de Paris et Marseille, sans oublier Lille.​

Vous êtes tombé dans la "marmite football" dès votre plus jeune âge ?

Je suis né au Puy-en-Velay, et mon père qui n’était pas footeux, avait créé avec l’abbé Colombet, le premier club de quartier au Puy qui s’appelait le Val-Vert sport. Il en a été le président, les chiens ne font pas des chats ! Avec mes 4 frères et ma soeur, qui a joué au Puy car il y avait déjà un club de football féminin dans les années 70, nous disputions les tournois de sixte en famille.

En tant qu’Auvergnat, qu’avez-vous pensé de la saison du Clermont Foot 63 ?

Je pense que la 8e place de l’an dernier est pour moi le début de la fin, car vous pensez que l’année d’après tout va s’enchaîner. En début de saison, toutes les équipes redémarrent à zéro. Je pense que l’annonce du départ prématuré de Pascal Gastien n’a pas aidé, on a déjà l’impression qu’il y a une page qui se tourne ! Il y a eu un manque de recrutement qui aurait pu se faire à Noël. Quand vous perdez vos meilleurs joueurs, c’est mieux de les remplacer. Jusque-là, le Clermont Foot a toujours fait des bons recrutements concernant les avants-centres, Grbic, Ajorque, etc. Est-ce que Nicholson était à la hauteur ? Une chose est certaine, on n’a pas marqué beaucoup de buts, et si vous en prenez beaucoup, il est compliqué de gagner des matchs.

Le Puy-en-Velay a fait une très belle saison, quel est votre regard ?

Ils ne sont pas passés loin de pouvoir remonter en National. Financièrement c’est compliqué, en National 2, certains clubs comme Cannes notamment ont un gros budget, et d’autres clubs du sud de la France. Au Puy, le président est obligé de jongler en permanence, c’est difficile. Tous les petits budgets en N2 souffrent véritablement.

Pour ou contre la Ligue 3 ?

Je suis pour ! Il faut que les choses soient beaucoup plus claires, il faut en finir avec les arrangements de paiement. Il faut que les règles soient identiques pour tout le monde. En Angleterre, les 4 premières divsions sont professionnelles. Il faut savoir que la 2e division (Championship) touche autant en droit télé que notre Ligue 1. Nous ne sommes plus dans le même monde, il faut tout remettre dans son contexte. Vous avez des affluences de 30000 spectateurs en 3e division ! Quand on voit tous les anciens clubs de Ligue 1, Sochaux, Nancy, Le Mans, Châteauroux, Valenciennes et Troyes qui sont en National avec de belles infrastrcutures, on peut penser que ce championnat sera encore une fois très difficile, sportivement et surtout financièrement. Pour en revenir au Puy, ils peuvent accéder à cette 3e division française sportivement, mais économiquement il faut que quelqu’un vienne aider.

Vous avez été président de trois grands clubs avec des positions différentes ? Quel est votre meilleur souvenir ?

J’ai été président propriétaire à Lille, président associé et PDG au PSG, et président à Auxerre pendant 4 ans sans être actionnaire avec un actionnaire étranger, les Chinois en l’occurrence, ce qui est peu courant. Cela permet d’avoir une expérience particulière dans ce milieu. Mon meilleur souvenir est la qualification en Ligue des Champions avec Lille, c’était tellement inattendu ! C’était en 2001, Vahid Halilhodzic comme coach, on bat Parme chez eux (2-0), qui avait repris l’entraînement quelques semaines avant, car on ne les inquiétait pas trop. Ils nous battent (1-0) à Lille au retour. On élimine la Fiorentina par la suite. C’était extraordinaire de jouer à Manchester, à La Corogne… Nous finissons 3e du groupe, nous sommes reversés en Europa League, éliminés par Dortmund sans perdre (1-1) chez nous et (0-0) chez eux. Ce sont des grands moments !

Que pensez-vous du football français actuellement ?

Il vit une bonne période, il y a de très bons joueurs. Il y a bien sûr Mbappé qui est la locomotive au niveau international, mais il n’est pas le seul. Nous avons des belles équipes, des bons joueurs, je trouve que ça a énormément progressé, c’est très agréable. Tous les championnats, la Ligue 2 est un très bon championnat, très compliqué. J’ai eu des problèmes de santé durant 2-3 dernières années j’ai pu regarder beaucoup de matchs.

Qu’est-ce qui vous a marqué le plus dans le football , une équipe, un joueur, une compétition ?

Sur un plan mondial, le Real de Madrid avec son président qui est là depuis plus de vingt ans, c’est la continuité, on sent qu’il y a un projet qui perdure sans avoir été chercher des fonds extraordinaires à l’étranger. C’est un vrai modèle ! Sur le plan français, ce que fait Paris est énorme, même si on leur reproche d’avoir beaucoup d’argent, City a des fonds Saoudiens colossaux depuis plus longtemps, et ils ont mis du temps à remporter la LDC. Le PSG a réussi à faire venir des joueurs exceptionnels, beaucoup de gens diront qu’ils ont vu jouer Messi, Neymar, etc. C’est incroyable ! Par contre, on ne peut pas dire que c’est un modèle. Lyon a fait partie des modèles, comme Saint-Etienne car ils ont sorti des jeunes joueurs issus de leur centre de formation. Au même titre que Bordeaux et Nantes. Je regrette qu’on ait pas pu garder plus longtemps Platini, Zidane, même si je comprends bien évidemment. Mbappé est resté un peu plus.

Interview : Fabrice CONNORD