Le club de football de Châtel-Guyon est un peu atypique. Bernard Bayle est devenu le président du club en 2015, l’année de la descente de R2 en R3. C’était une reprise compliquée car le 20 juin, il n’y avait plus de coach. C’est un club qui a de grandes valeurs, inculquées semaine après semaine par ses éducateurs. C’est aussi l’année du centenaire du club, qui sera fêtée le 15 juin 2024.​

Pourquoi le FC Châtel-Guyon est un club atypique ?

C’est un club qui se trouve en banlieue des grands clubs qu’on peut avoir dans la région Nord du Puy-de-Dôme, Riom, Cébazat, Volvic, etc… C’est un club qui s’est structuré depuis 9 ans, passant de 150 à 400 licenciés aujourd’hui. Ce club a des fondements très importants sur des valeurs. Des valeurs sur un projet pédagogique de formation pour les jeunes, parce que tous les jeunes doivent être formés et éduqués. C’est clair que les meilleurs partiront pour des clubs plus huppés, c’est tant mieux, nous sommes contents pour eux. Nous avons également une section féminine qui est un des points forts du club. Aujourd’hui nous avons 4 équipes féminines, U13, U15, U18 et le groupe senior. Il y a auusi l’aspect fair-play que nous avons remporté aussi bien chez les femmes que chez les hommes, et en 9 ans, j’ai dû me rendre une fois en commission de discipline. Ce qui prouve la qualité des discours des éducateurs et des entraîneurs tout au long d’une saison.

Est-ce que le club a des ambitions pour jouer à plus haut niveau ?

Nous avons des grandes contraintes, Châtel-Guyon a des infrastructures limitées, nous avons parfois que deux ou trois terrains pour faire jouer sept ou huit équipes sur un week-end. Monter à un niveau supérieur, en tant que président, je ne le souhaite pas, ça peut paraître étonnant, mais parce que premièrement, on n’a pas les moyens logistiques de pouvoir le faire, et deuxièmement plus on monte, plus la notion d’argent est importante. Pour ma part, dans le monde amateur l’argent me gêne beaucoup ! Je n’hésite pas à le dire, quand on sait ce qu’il se passe au niveau des primes de match, je ne cautionnerai jamais cela en tant que président. Il y a des limites à ne pas dépasser.

Mais si les joueurs font ce qu’il faut pour monter en R1, vous dites oui ?

Bien évidemment ! L’an dernier nous étions 2e au 1er mars, je ne pouvais pas les freiner, aucun souci pour moi. Mais, je n’irai pas chercher des joueurs à l’extérieur pour renforcer une équipe pour jouer un niveau au-dessus. Le match de la montée en R2 contre Mozac il y a trois ans, sur les 14 joueurs inscrits sur la feuille de match, il y en a 13 qui sont de Châtel ! Il y a des joueurs qui ont évolué en jeunes à Riom, au Clermont Foot et à l’ASM, mais ils ont tous revenus à Châtel parce qu’ils sont d’ici. Je respecte le choix de certains présidents qui vont chercher des joueurs pour augmenter le niveau, mais ce ne sera jamais le cas dans mon club.

Est-ce que les clubs sont en danger par rapport à cette Ligue AURA ?

Oui je le crois parce que les déplacements sont de plus en plus lointains. Avant, les clubs souffraient d’un manque évident d’argent, lorsque vous vous déplaciez à Moulins ou à Aurillac par exemple. De Châtel, c’était un déplacement assez long ! Aujourd’hui, vous avez en plus dans la poule des équipes du Rhône et de la Loire, je ne vous explique même pas les frais supplémentaires. C’est bien d’avoir créé la Ligue AURA, mais il aurait fallu mettre les finances qui vont avec pour dédommager un peu plus les clubs. Malheureusement, tous les clubs sont concernés.

Que peut-on vous souhaiter ?

Déjà que nous ayons le terrain synthétique, et que l’équipe 1 pensionnaire de R2 se sauve car il y a 4 descentes sur 12. Je souhaite que l’équipe 2 monte, nous sommes très bien placés. En ce qui concerne l’équipe 3, sait-on jamais nous pouvons également monter, ce serait un bonheur. On aimerait également qu’une équipe de jeunes monte en régional. Le problème c’est que les 2-3 meilleurs joueurs en U15 ou U18 ont tendance à attirer l’attention du Clermont Foot ou de l’ASM. Je peux souhaiter que les équipes féminines se portent bien, qu’elles continuent sur le même rythme. J’aimerais qu’il y ait plus de bénévoles, c’est un mal permanent. Il faut que les parents s’investissent, c’est le message que je veux lancer à travers cette interview. Au niveau du cahier des charges, c’est de plus en plus difficile, il faut 5 arbitres par exemple, ce n’est pas toujours évident.