Serge Damiens, originaire de Clermont Ferrand, s’apprête à participer à sa dernière compétition en tant qu’arbitre de lutte et pas des moindres : les Jeux Olympiques de Tokyo. 29 ans que Serge Damiens est arbitre international de lutte. Après avoir lui-même concouru au début des années 70 il s’est petit à petit rapproché du rôle d’arbitre. Aujourd’hui il a arbitré plus de 10 compétitions européennes, une quinzaine de compétitions mondiales et le graal, les JO de Rio en 2016. Un parcours admirable pour ce lutteur originaire de Clermont-Ferrand.

Dans la vie il est agent territorial à la direction du service des eaux au sein de Clermont Auvergne Métropole mais son quotidien a longtemps été rythmé par la lutte, qui demande beaucoup de travail et d’implication pour se qualifier dans les compétitions de haut niveau.

Il se prépare actuellement pour sa seconde participation aux Jeux Olympiques et cette année direction Tokyo.

Serge Damiens nous raconte.

Je pars entre le 28 et le 30 juillet pour arbitrer toute la semaine les épreuves de lutte qui se dérouleront du 1er au 7 août. Normalement on va travailler un peu tous les jours mais après c’est une désignation par un logiciel. On n’arbitre pas la France bien sûr mais les pays francophones dans leur ensemble. A Rio c’était à peu près deux à trois matchs par jour. Plus on est sollicité mieux c’est, ça veut dire que l’on travaille bien et que les instructeurs sont satisfaits de nous. Et l’objectif est alors d’arbitrer une finale ou une médaille de bronze.

Comment on se qualifie pour les JO ?

La qualification démarre deux ans avant, les premières sélections ont eu lieu en septembre 2019. On était à ce moment-là 150 probables et au final on va être 40, c’est une sélection extrêmement rigoureuse faite sur notre travail et nos faibles erreurs qui nous permettent de pouvoir continuer. La liste finale a été dévoilée en mai dernier.

Comment on gère la pression du haut niveau ?

Déjà il faut comprendre qu’on peut tous se tromper, l’erreur est humaine mais il y a aussi le stress qui entre en compte. Nos problèmes personnels peuvent nous faire rater des nuits et cela peut avoir un impact sur nos performances. Avec l’expérience on arrive mieux à se positionner et avec les années on arrive à mieux se connaître pour appréhender au mieux une compétition. Il est évident qu’on a une pression sur les épaules un peu moins en France mais par exemple aux États-Unis chaque erreur est décortiquée par les réseaux sociaux. Il faut faire abstraction de tout ça et c’est ce que j’ai essayé de faire avec les années. Quand on fait une erreur il ne faut surtout pas essayer de compenser mais on a la vidéo en lutte qui permet de se corriger, mais notre objectif est d’éviter au maximum les erreurs et l’utilisation de la vidéo.

Ces JO vont également marquer la fin de votre carrière ?

Oui en effet je vais avoir 59 ans et le règlement permet d’arbitrer jusqu’à 60 ans. Je n’ai pas d’intérêt à prolonger une année. Pour un arbitre le sommet c’est les JO donc je veux finir là-dessus. Je vais ensuite redevenir un bénévole voire un dirigeant en club mais je n’en ai pas fini avec la lutte pour le moment.

Vous pouvez dresser un bilan de votre carrière ?

Beaucoup de hauts et bas. C’est beaucoup d’examens, de stages, de formations, de sélections. Il y a parfois des joies et parfois des déceptions. On doute toujours avant une sélection. Les dernières années de ma carrière j’étais plus en retrait, je ne voulais pas m’enflammer. C’est à partir de 2012 que je suis revenu au plus haut niveau et depuis je ne l’ai plus quitté. C’est une fin de carrière positive. De toute façon même mes échecs plus jeunes m’ont servi pour garder la tête froide.

Par Léa ZUZARTE.