À la tête de l’ASM Romagnat, Fabrice Ribeyrolles est en train de réaliser l’une des meilleures saisons de l’histoire du club. Rencontre.Bonjour Fabrice. Pouvez-vous nous dire qui vous êtes ? Depuis quand êtes-vous à la tête de l’ASM Romagnat ?
Je suis rugbyman depuis l’âge de 5 ans. J’ai été formé à Riom puis je suis arrivé à l’ASM à 15 ans. Ma première en équipe 1 j’avais 17 ans et je suis resté 11 ans à l’ASM. J’ai ensuite joué 4 ans à Aurillac puis je suis devenu entraîneur, chose que j’ai toujours voulu faire. Je suis donc passé par les espoirs de l’ASM, ensuite à La Rochelle pendant 4 ans en partenariat avec Patrice Collazo et depuis août 2015, et un appel de l’ancienne présidente Annick Heyraud, je suis l’entraîneur des féminines de Romagnat, qui est un club amateur. J’ai fait ma première année avec Eric Faidy et on est monté en Elite 1. Et depuis août 2016, on se bat pour le maintien avec les moyens qui étaient les nôtres. Maintenant avec Vincent Fargeas. On essaye toujours d’aller plus haut et moi je m’éclate là-dedans.
Quel est le bilan de cette dernière saison ?
Pour l’instant, le bilan est positif. On a cette envie de passer des étapes chaque année. L’an passé on était en quart de finale et, cette saison, on est en course et bien placé pour les demi-finales. Il y a eu deux aspects majeurs dans notre jeu cette saison : un aspect construction et élévation du jeu et un aspect collectif, progression. On est capable de rivaliser face aux grosses cylindrées. D’ailleurs, de plus en plus de filles sont attirées par notre club, cela prouve qu’on évolue dans le bon sens sur l’organisation mais aussi l’aspect rugby. Ça c’est dû en grande partie à notre présidente Marie-Françoise Maginot qui, bien qu’elle soit à la tête d’un club amateur, nous gère de façon très professionnelle, ce qui nous permet de progresser vite et bien. Le club gagne en maturité, en reconnaissance et en renommée. C’est une grande satisfaction.
Est-ce que la crise sanitaire a ajouté des difficultés ?
Oui, on ne peut pas dire que ce soit facile. Depuis janvier, on a la possibilité de jouer mais on a beaucoup de contraintes à gérer. Depuis janvier on a su s’en sortir mais pas sans difficulté et sans crainte. Mais on est content, on peut jouer, on sait la chance qu’on a par rapport à d’autres amateurs qui eux ne peuvent pas avoir ce luxe.
Pensez-vous avoir votre chance dans les phases finales ?
Oui j’espère. Ce sera dur, on le sait bien, on fait des efforts depuis tant de temps, on jettera toutes nos forces dans ces demi-finales. On a nos qualités individuelles et collectives (même si le collectif est le plus important). On a beaucoup d’incertitudes mais on va tenter de faire un match plein. On a l’appétit et on veut réussir. J’ai une ambition énorme que les filles me rendent.
Comment vous le rendent-elles justement ? Vous sentez de la volonté ?
Elles me fournissent énormément de travail et d’abnégation. Elles font 5 à 7 entraînements par semaine, elles sont tous les soirs à l’entraînement et des fois même entre midi et deux alors qu’elles ont des études, un travail et parfois même les deux à côté. C’est un plaisir de voir cette envie de progresser.
Et quelles sont vos perspectives pour la prochaine saison ?
Ça va être de durer dans le temps. Faire évoluer le club, continuer à être structuré pour accompagner au mieux les filles dans le club mais aussi dans leurs vies. On veut aussi retrouver notre ambiance. Chaque année, on se remet en cause. On sera attendu et il faudra être à la hauteur.
Justement, comment se passe le recrutement à l’ASM Romagnat ?
Le premier recrutement, c’est la formation. Le club se structure pour proposer le rugby de plus en plus tôt pour que les filles viennent jouer sans avoir peur du contact. On cherche à former les générations futures. C’est la base du club. La deuxième étape est de recruter des filles qui veulent venir à Clermont pour faire leurs études et qui sont motivées. On fait toujours en sorte d’avoir ces deux axes de recrutement en fonction de nos besoins.
Dernièrement vous avez gagné face à Bayonne avec une équipe très fortement rajeunie, sentez-vous que la génération à venir va amener l’âge d’or de l’ASM Romagnat ?
C’est encore tôt pour le dire. Chaque année, on a des jeunes qui poussent et qui jouent. A la fin du match contre Bayonne, on s’est rendu compte que notre travail de formation nous aide à faire éclore des joueuses. C’était vraiment une fierté de gagner avec cette équipe rajeunie. C’est un acte fort. On est plus 23 mais 35 à pouvoir pousser l’équipe toujours plus haut. On a la qualité et la quantité. C’est ça qui va nous permettre de progresser.
Un mot pour votre match à venir face à Toulouse ?
J’aimerais que ce soit un très beau match de rugby. J’aimerais, si on gagne, qu’il y ait la manière. Là c’est une opportunité de mettre en avant le championnat féminin. C’est un match important pour nous et qui peut nous amener beaucoup de choses. L’envie est à la hauteur de l’événement, on veut que les filles se lâchent. Maintenant il faut être à la hauteur.
Et pour finir du côté masculin, comment voyez-vous la fin de saison de l’ASM en Top 14 ?
Difficile de se prononcer. Il y a une situation particulière qui est le départ d’Azéma. Ça doit faire poser des questions aux joueurs. On voit des performances un peu en dent de scie, j’espère qu’ils vont réussir à mettre les ingrédients pour réussir cette fin de saison. Il y a un passage de témoin, des changements qui ne vont pas être simples à gérer au quotidien. J’espère qu’ils mettront ça de côté pour le bien du groupe. J’y crois à la qualification, c’est une belle équipe même s’il y a des adversaires redoutables.
Par Thomas Agostinis.