Si vous êtes déjà allés assister à un match de l’ASM au Stade Marcel Michelin, il y a une voix à côté de laquelle vous n’avez pas pu passer : celle de Jérôme Gallo. Maître de cérémonie, nous sommes allés à sa rencontre en ces temps difficiles.Bonjour. Tout d’abord pouvez-vous nous dire un petit peu qui vous êtes ? Depuis combien de temps êtes-vous speaker ?
Bonjour, Jérôme Gallo, maître de cérémonie et co-fondateur de l’Association des speakers et maître de cérémonie de France. Personnellement, j’aime toujours dire que je suis speaker mais aussi maître de cérémonie. En soit speaker, en anglais, c’est littéralement “haut parleur”, donc il vaut mieux dire Maître de cérémonie. Pour ma part, j’ai d’abord été la voix de l’AS Saint-Étienne de 2002 à 2019, puis je suis arrivé à l’ASM en 2007 et depuis 2018 je travaille aussi pour le Clermont Foot 63. Cependant, j’ai attaqué ma profession en 2000 avec diverses animations pour des entreprises ou des choses comme ça quand on avait besoin de moi.
Quel est la vie d’un Maître de cérémonie dans les stades en temps de Covid ?
On continue d’animer et on est là pour que les joueurs entendent la compo et surtout pour qu’ils n’aient pas l’impression d’être à l’entraînement. L’état d’esprit est important dans un match et on est là pour faire cette différence. A côté de ça, pour l’instant à part des interviews on ne fait rien car rien ne se passe comme tout est fermé. Depuis un an c’est très dur financièrement et moralement.
Malgré tout voyez-vous une réouverture prochaine des stades au public ?
C’est sûr qu’on ne fait pas ce métier pour ne pas avoir de public. Pour ma part, je pense qu’ils vont sûrement rouvrir pour les grands événements des compétitions, genre demi-finales, finales du Top 14 et de la Coupe de France mais pas pour le reste puisqu’il y a cette incertitude.
En début de saison, les stades étaient quand même ouverts avec une capacité réduite. Toutefois, est-ce pareil de chauffer 1500 personnes que 19 000 ?
C’est bien plus difficile de chauffer 1000 personnes. Il n’y a pratiquement rien qui se passe. A l’ASM ils avaient eu l’idée sympa de mettre des tambours ce qui ajoutait un bruit d’ambiance qui rappelait qu’on était en match, c’était plaisant. Après, ça n’a pas duré puisqu’on a fait 2 matchs à 10 000, ce qui marque déjà une énorme différence par rapport à 19 000 personnes. D’ailleurs, même quand ils étaient au stade, les gens étaient plus stressés par la situation actuelle et n’avaient pas la tête à encourager.
Comme vous nous l’avez dit, vous êtes l’un des fondateurs de l’association des speakers, pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet ?
Alors, l’association je l’avais en tête depuis très longtemps et en 2016 après l’Euro, beaucoup m’ont poussé pour aller enfin à la préfecture faire les papiers. Ensuite, avec la vice-présidente, qui est la speakerine du RC Toulon, l’association a été créée en 2017. Le but de cette asso, c’est d’échanger entre nous, récupérer des contrats, on a par exemple eu une collaboration avec la FIFA pour la coupe du monde féminine, et essayer de faire bouger des choses. Par exemple, on a obtenu de la LNR qu’au moment des demi-finales et des finales les animateurs des stades viennent accompagner leurs publics pour qu’ils aient une voix à laquelle se rattacher, ce qui ne se faisait pas avant. Maintenant les deux grands projets se portent sur la Coupe du Monde de rugby en 2023 et le Jeux Olympiques de Paris de 2024.
Et du coup, comment fait-on pour être speaker ?
Pour être speaker c’est un petit peu le hasard. Il faut être là au bon moment. Il faut aussi aimer le sport en général et le sport qu’on anime. Il faut être dans le partage. Si on est pas dedans, aucune émotion ne ressort. En fait, c’est ça : il faut avoir envie de partager. Après, il faut le faire dans beaucoup de petits clubs et se faire repérer si on veut avoir la possibilité de le faire dans un grand club. Il y en a parfois qui font des castings, mais c’est rare. Il y a beaucoup de hasards et de rencontres. Il faut s’accrocher.
Vous êtes la voix de l’ASM, comment voyez vous leur fin de saison ?
Ils sont capables de tout et ils peuvent très bien se qualifier en demi. Avec un peu de chance, on peut même avoir un barrage à la maison surtout que Bordeaux et La Rochelle sont en pleine Coupe d’Europe et ont donc l’esprit ailleurs, tout comme le Racing. C’est pour ça que je les vois bien se qualifier pour les demi. Après pour ce qui est du bouclier, c’est plus compliqué mais rien n’est infaisable, beaucoup de paramètres sont à prendre en compte. Si on termine 4e ça veut dire qu’on joue Toulouse, qui eux aussi auront dans les pattes la Coupe d’Europe. Il faut être positif et optimiste, surtout dans ces temps difficiles.
Par Thomas Agostinis.
Crédit photo : Rigaud.