Le Crossfit de Chamalières s’est adapté à cette situation très particulière en innovant de différentes façons. Quentin, le gérant, nous explique comment il fait face !Quentin, comment se sont passés les deux mois de confinement ?

Très clairement, cela a été l’inconnue totale, je ne savais plus ce que j’avais le droit de faire, je ne savais pas comment expliquer à mes adhérents que je devais fermer ma structure jusqu’à nouvel ordre. Le premier mois du confinement, j’ai souhaité prêter du matériel à mes adhérents en échange du maintien des abonnements. En contrepartie je leur proposais une activité 7 jours sur 7 jusqu’à la fin du confinement, je faisais du télé coaching de 8h à 18h, je préparais un entraînement d’une heure chaque jour du lundi au dimanche qu’ils pouvaient faire chez eux avec le matériel que je leur avais prêté. Grâce à cela, ils ont pu maintenir un minimum de condition physique et, avoir un lien avec la communauté. On était plus de 75 adhérents avant le confinement, on avait créé une bande de potes, on faisait des soirées et le seul moyen de maintenir la structure sportive était de la faire vivre même pendant le confinement. Le dimanche 15 mars avant le confinement, j’ai fait un drive avec désinfection du matériel avant le prêt et, chacun est venu chercher un pack entraînement à faire à la maison. Avec des barres, des haltères, des poids. Je crois que, sur la région, on a été que deux structures à prêter tout de suite. C’était le seul moyen de donner un peu d’évasion aux adhérents en faisant un peu de sport tout en restant chez soi.

Et à partir du 11 mai, est-ce qu’il y a eu une reprise immédiate ?

Non parce qu’on a eu la mauvaise nouvelle d’apprendre que nous devions pratiquer dehors. La première semaine il a plu sept jours avec huit degrés, j’ai accepté quand même de sortir entre 500 kilos et une tonne de matériel tous les jours, deux fois par jour sur mon parking au grand dam des riverains qui n’étaient pas très contents. Il a fallu aller s’expliquer en disant que je pouvais faire du sport en maintenant les gestes barrières et que je n’avais pas le choix si je voulais que mon entreprise survive. Cela a été accepté jusqu’à fin mai. Et depuis le 2 juin, le déconfinement a été encore un peu dur à accepter par les adhérents parce je suis obligé de limiter l’accès à mes sanitaires, aux douches et l’accès à la structure est limité. Je fais très attention avec les nouveaux adhérents, je suis obligé de faire un questionnaire de santé. Mais passé deux semaines, cela devient difficile de maintenir ces limitations. On constate un petit relâchement dans Clermont et, je n’ai pas eu de notices applicables de Jeunesse et Sports et, il a fallu que chaque structure apprenne à gérer le flux de personnes, car certaines normes sanitaires ne sont pas possibles à suivre. Soit on continue de s’entraîner dehors parce que je ne suis pas un magasin, je ne peux pas tout le temps nettoyer du matériel qui craint la désinfection. Je ne peux pas imposer aux adhérents à l’intérieur de manipuler et de respirer des produits désinfectants parce que je vais à l’encontre de ce que je veux faire : leur donner une bonne santé. Tous ces produits, je ne peux pas les imposer à des sportifs qui viennent s’oxygéner.

Tu travailles aussi avec des clubs sportifs, est-ce qu’il y a eu une reprise ?

Je connais très bien Arnaud Marcantei, l’entraîneur du FC Chamalières, il aurait sans doute aimé un soutien logistique de ma part mais la fédération de foot n’a pas encore donné de lignes directrices, on ne sait pas où on en est avec la saison sportive. Je pourrais programmer des séances de préparations physiques estivales, mais tant qu’on n’a pas de début de saison c’est difficile car les joueurs ne sont pas pros, certains sont encore en télétravail ou ont des astreintes. C’est pareil pour les athlètes qui venaient individuellement car il n’y a pas de date de reprise. Mais rien n’empêche de reprendre une activité physique générale pour remettre la machine en route.

Pendant l’été tu vas rester ouvert, est-ce que tu vas proposer quelque chose pour attirer de nouveaux adhérents ?

Les nouveaux adhérents je les attire par le fait qu’on a su que j’avais fait du télé coaching et que j’avais maintenu une activité pendant deux mois. Je vais rester ouvert malgré le départ de certains adhérents. Je pense que les gens ont compris l’importance du sport pendant le confinement. C’est une bonne soupape de décharge mentale et physique. Étonnement la pub s’est faite d’elle même, j’ai eu beaucoup de nouveaux adhérents à la réouverture. Les gens ne voulaient pas s’entraîner dehors, ils ont attendu l’ouverture de l’établissement quelles que soient les normes. J’ai facilité l’accès à la structure en acceptant de faire des séances découvertes en dehors des séances collectives. On choisit une heure pour faire une découverte des bases en dehors des groupes d’habitués. Je préfère avoir un adhérent qui comprend bien ce qu’il va faire dans le sport, plutôt que d’avoir quelqu’un qui va faire sa première séance et, être dégoûté parce qu’il va se sentir mis à l’écart ou nul. C’est pas mon but, le crossfit a déjà une image parfois négative, je dois rattraper une mauvaise expérience ou une mauvaise image. Comme on a été les seuls à prêter du matériel et qu’on travaille sur des petits groupes, les gens se sont dit en crossfit je suis vraiment encadré, j’ai vraiment un coach pour six adhérents, je ne suis pas juste un numéro d’adhérent. Les gens ont envie de découvrir cette discipline et les parents viennent avec leurs ados. On a pu mettre en place un groupe ados de 9 à 16 ans qui viennent découvrir. J’avais également ajouter des cours de yoga durant le confinement et j’essaie de programmer une à deux dates par mois et je suis étonné par le succès.

Tu as des perspectives de retour à la normale ?

Non aucune visibilité, mais je trouve très bien d’avoir augmenté mon amplitude horaire et, d’avoir réduit mon volume d’adhérents à l’heure parce que je me suis rendu compte que les adhérents se plaisaient plus avec des petits groupes. Cela me permet d’allouer encore plus de temps aux débutants. Le confinement m’a appris à repenser ma structure, on garde ce qui marche bien et on va améliorer ce qui marchait moins bien. On n’a pas de directives de Jeunesse et Sports mais j’espère qu’en septembre ça sera revenu. Mais si on ouvre des grands commerces ou des restaurants je pense que le volume horaire de personnes est largement supérieur au mien. Malheureusement, il faut être patient, garder notre sang-froid et positiver un peu.