Natif de Clermont-Ferrand et figure emblématique du handball auvergnat où il a notamment porté le brassard de capitaine avec Aurillac en première division, Pierre Montorier est désormais entraîneur à Creteil, formation qu’il a fait monter de D2 en D1 pour sa première saison en
tant que technicien sur un banc professionnel. Tout d’abord, pouvez-vous retracer votre parcours handballistique à nos lecteurs ?
J’ai commencé le Handball à Romagnat à l’âge de 16 ans. Le club organisait un tournoi où il fallait amener des copains non licenciés. Un
ami m’a invité, et cela m’a plu. J’ai joué à Romagnat durant deux années, avant de rejoindre le HC Cournon d’Auvergne. Mon voisin de l’époque, Felix Roussel, m’emmenait aux entraînements et me gardait avec les gars de la section sportive pour m’entraîner alors que je n’en faisais pas parti. J’ai joué en Équipe 2 (Prénational), puis en équipe première (N3).
Ensuite, je suis allé du côté d’Aurillac. Un ami de STAPS m’a dit que ce club voulait un pivot pour la N2. On a fait deux saisons à cet échelon avant de monter en N1. A l’époque, j’avais un contrat de technicien fédéral dans le Cantal à côté. Puis, nous sommes montés en D2, j’étais à temps plein avec le club. Par la suite, on a réussi à monter en D1 où on a joué dans l’élite pendant deux saisons.
J’ai rejoint le club de Saint-Rapahaël durant une saison. J’avais un contrat de deux ans mais cela ne s’est pas passé comme prévu, donc j’ai préféré partir pour rejoindre Creteil, que je n’ai plus quitté depuis. Avec le club cristollien, j’ai fait trois années en tant que joueur. Dans le même temps, j’ai passé mes diplômes d’entraîneur et de préparateur physique pour ensuite entraîner les jeunes, le Pôle espoir, la réserve en N1 et, enfin, l’équipe première depuis l’année dernière.
Vous avez commencé le handball assez tardivement, en -18 à Romagnat. Qu’est-ce qui vous a poussé à commencer ce sport ?
J’ai toujours été un sportif : j’ai fait du basket pendant très longtemps (de 4 à 11 ans), puis du VTT. Je commençais à en avoir marre du VTT, avec mon physique qui n’était pas forcément adapté à cette pratique, je me suis donc mis au handball, et ça m’a plu ! Le contact, l’esprit d’équipe, la cohésion, le jeu… Felix Roussel, entraîneur de hand et qui s’est très longtemps occupé de la section sportive du Lycée René
Descartes de Cournon d’Auvergne, m’a également motivé à faire du hand. Je lui dois d’ailleurs énormément !
Vous avez arrêté votre carrière à seulement 32 ans. Pourquoi ce choix ? Devenir entraîneur, était-ce une évidence ?
A un moment donné, lorsqu’on est capitaine d’une équipe qui devient le champion de France de deuxième division (Proligue) et que le club ne
veut pas forcément te prolonger, et que les propositions ne se bousculent pas, cela veut peut être dire qu’on n’a plus le niveau.
En revanche, le club de Creteil voulait m’aider dans ma reconversion professionnelle et, passé un temps, je prenais même plus de plaisir à entraîner des équipes jeunes que m’entraîner moi-même. Donc oui, on peut effectivement parler d’une évidence !
Pour vous, quelles sont les différences majeures entre la première et la deuxième division ?
La principale différence, cela reste le niveau individuel des joueurs. Par exemple, lorsqu’on a affronté Nantes il y a quelques jours, sur les 16 joueurs inscrits sur la feuille de match, il y a, au total, 14 internationaux. Tout est beaucoup plus professionnel également en LIDL Starligue, que ce soit les structures sportives, le staff d’une équipe. Collectivement, les équipes sont meilleures avec plus d’intensité, des erreurs techniques qui sont pratiquement inexistantes, des salles pleines avec des grosses ambiances.
Que pensez-vous du projet HBCAM63, désormais en D2 ? Voyez-vous ce club en D1 dans un futur proche ?
C’est un très bon projet. J’espère seulement que le club a bien pensé à tout : notamment préparer la structure, les bases de ce projet, la
formation. Pour exister au top niveau, il faut soit beaucoup d’argent, soit former des jeunes, ce qui coutent évidemment moins chers.
Le HC Cournon d’Auvergne est en net progression depuis quelques années. Pensez-vous que cette équipe peut devenir le nouveau « Aurillac » ?
Devenir le nouveau Aurillac, je ne sais pas car le club avait de gros moyens financiers, un collectif qui s’entendait très bien et qui a fait qu’on a réussi à gravir les échelons très rapidement. Le Handball Club Cournon d’Auvergne a tout pour devenir un club de N1 à court terme, et même de Division 2. Les structures sont là, il y a un bassin économique important qu’il faut exploiter. Maintenant, comme je le disais, il faut que le club arrive à sortir des jeunes joueurs et faire un recrutement plus élargi, sans pour autant se tromper faire de mauvais choix.
Qu’est-ce qui manque à l’Auvergne pour passer un véritable cap au niveau du Handball ?
L’Auvergne regorge de très bons jeunes joueurs, de bons joueurs d’un niveau intermédiaire, mais il manque des joueurs de top niveau. Il ne faut pas avoir peur de recruter et attirer des joueurs de l’extérieur, comme Aurillac l’avait fait à l’époque, en faisant revenir Jérémy Roussel dans la
région (alors qu’il avait un parcours de joueur plus que respectable avec notamment un titre de champion de France avec Chambery en 2001) ou des joueurs vraiment inconnus dans la région comme Redouane Aouachria (trois saisons en D1 avec Villeneuve d’Ascq). Après, il faut avoir un petit coup de chance sur le recrutement, et espérer que les joueurs aient un bon niveau. Mais déjà, la fusion Auvergne et Rhône-Alpes va permettre au club auvergnat de connaître une grosse progression.