On a souvent tendance à se concentrer sur le HBCAM 63, et moins sur l’homme qui manage l’ensemble de ce groupe. Alors Jamal El Kabouss, entraîneur en chef du Handball Clermont Auvergne Métropole 63, qui es-tu vraiment ?
Bonjour Jamal, comment êtes-vous arrivés dans le Handball ?

Un peu, par hasard, je dirais, à la base, je suis un enfant du Stade Bauer (Red Star), un petit footballeur. J’ai découvert le handball lorsque j’étais en primaire à Aubervilliers puis plus en détails quand j’étais ado. À l’époque, j’ai rencontré un éducateur sportif sur un tournoi lorsque j’étais au collège qui s’appellait Salim qui voulait me faire tester. J’étais jeune et je trouvais que c’était un sport de rigolo ! Au final, je me suis laissé tenter, j’ai pris ça comme un challenge. Il avait missionné les mecs de l’équipe, mes futurs meilleurs amis, que j’allais débarqué, ils m’ont mis cher tout l’entraînement (Rire). Par orgueil, je suis revenu le lendemain. J’étais en moins de 16 ans à l’époque et je n’ai plus jamais quitté le handball depuis.

Vous avez attaqué sur le tard, ça ne vous a pas empêché de vous intégrer rapidement ?

Pas du tout bien au contraire, j’ai toujours été un gros sportif, ça facilitait les choses pour l’intégration. Un peu plus tard, je commençais déjà à entraîner les baby-hand. Je voulais filer un coup de main, m’investir, car cela m’intéressait. J’ai passé tout d’abord la formation de niveau 1 pour être l’équivalent d’un  » animateur handball  », en plus de jouer et d’arbitrer. Salim m’a pris sous son aile pendant que j’étais en licence staps et que je gravissais un à un les différents échelons. J’ai suivi la génération 92/95 filles, on a vécu de superbes moments, le club évoluait en D2 Féminine, la formation était au top. Nous avions la chance d’être le club qui a formé deux championnes du monde et d’Europe, Allison Pineau et Kalidiatou Niakaté que j’ai eu la chance d’entrainer pratiquement tout le long de sa formation C’était une année chargée pour moi, car j’étais encore en étude, en STAPS, et le club était à l’aube d’un grand changement car les filles poussaient d’un côté (possibilité de monter en D1), et les garçons (N1) de l’autre. Au final, le club s’est déchiré, et les filles sont parties, les garçons rétrogradés. Elles ont signé et donné un essor à deux clubs distincts, Issy-les- Moulineaux (Paris 92 aujourd’hui) et Noisy-le-Grand championne de France de D2 pour les filles. Ça reste tout de même une première expérience au sein d’un club de Haut niveau très enrichissante !

C’est à ce moment-là que vous vous êtes dit, le handball c’est définitivement pour moi ?

Un peu oui, disons que je ne voulais plus du tout devenir prof d’EPS quoi, mais plutôt entraîneur de haut niveau. Après ma licence, j’ai récupéré le poste de directeur technique et je jouais toujours. Mais la passerelle de joueur N1 / D2 était visiblement trop haute, c’était mon plafond de verre. Compétiteur je me suis dis que si je n’y arrivais pas en tant que joueur, je devais le faire en tant qu’entraîneur. On a vécu une belle année en N1 avec les filles, puis j’ai accepté une première proposition de directeur Technique Féminin en Auvergne….À Aurillac ! Bon je n’ai pas vraiment eu le temps d’en profiter, car ça ne s’est pas passé comme prévu. Le club a coulé une semaine après (liquidation judiciaire), je devais rebondir. Le sud m’a fait des appels de phares.

Vous avez fait votre première arme à Velaux, dans le sud, c’est ça ?

Oui c’est ça ! C’était un club de Prénational, et j’avais la possibilité d’être directeur technique et joueur. Malheureusement le poste de dir.tech n’a pas pu être finalisé, et le président du club, Sébastien Vercherat s’est occupé de me trouver un poste dans le centre de loisirs de la ville (EVEA). Je me suis gravement blessé au genou quelques temps après, cela m’a permis de passer l’ensemble des diplômes d’entraîneurs qu’il me manquait. J’ai passé tous les diplômes possibles à cette époque-là ! C’est peut-être pour m’embêter que la fédé en a crée un autres depuis ! Puis j’ai eu l’opportunité d’aller entraîner à Aix-en-Provence, les jeunes pousses ! Je me suis retrouvé comme par hasard, avec un autre entraîneur venu d’Aurillac, Jeremy Roussel. Pendant deux ans, j’ai entraîné une génération de gamins incroyable dont la plupart devenu pro ou de grand hommes me font plaisir à voir aujourd’hui. J’ai eu la chance de côtoyer les pros et surtout deux légendes, les frères Karabatic. On prend une dimension incroyable, il y a un engouement particulier autour du club, et on découvre vraiment l’univers professionnel. Même pour les jeunes à l’époque, c’était une chance inouïe. En les voyant, on comprend mieux certaines choses, les concessions qu’ils ont fait, etc… Je me suis inspiré de cela, pour transmettre de la meilleure des manières possibles au groupe que j’entraîne que ce soit au niveau de la recherche de la performance, l’hygiène de vie, de la gestion du stress, de l’émotion, le Haut niveau….

Et après ? Il était temps pour vous de prendre en main une équipe sénior ?

Oui, j’ai accepté la proposition de Bouc Bel Air, en N2 féminine. L’objectif était simple, maintenir cette équipe qui fonctionnait avec le pôle de Marseille, tout en continuant l’excellent projet de formation. Au final, dès la première année, on se maintient et les U18 sont championnes de France ! L’année d’après, un adjoint rejoint l’équipe, suite aux choix de la directrice technique , j’ai dû lui céder ma place. Je suis pas franchement le mec qui fait des histoires tout ça, j’ai laissé ma place et je suis partie de mon côté. j’en ai profité pour faire le tour de France et d’un peu partout pendant un an. Je suis allé au Danemark pour les championnats du monde féminin, en Pologne avec la fédé pour l’Euro masculins, je suis allé voir mes amis qui entraînaient un peu partout en France, comme Clément Petit, Brest, Pablo Morel, actuel coach de Celles-sur-Belle ou Jeremy Roussel qui était à Metz à l’époque. Je suis resté en contact avec eux, tout en apprenant constamment.

Vous avez quitté le sud définitivement ?

Pour aller dans le nord ! Après avoir démissionné de mon travail de responsable de secteur au Centre EVEA dans le sud et après un an à voyager, j’ai trouvé un poste dans un club de N1F, le Sambre-Avesnois en tant que Conseiller Sportif. Il fallait les aider à structurer le club. La première année, je me suis uniquement consacré sur cet aspect-là. La saison d’après, j’ai accompagné Thierry Micolon, dans une poule avec un niveau très relevé. On a atteint la D2F. Je n’avais pas franchement aimé la manière dont le club s’était chargé de Thierry. La parole et l’honneur sont des choses auxquelles je tiens… sinon je pars. Je suis devenu conseiller technique fédéral dans l’Isère, mais je n’ai fait qu’une seule année, je ne suis pas vraiment un homme à bureau et comme je ne pouvais pas entraîner…

Et puis vous avez été contacté par un Clermontois…

On y arrive oui. Il y a bientôt deux ans, on a fait appel à moi pour me proposer un poste d’entraîneur en binôme ici, à Clermont. Je suis venu visiter le cadre, les infrastructures, j’ai rencontré Sébastien Modenel qui était encore en place et David Léon le préparateur physique. Le club venait de monter en N1F, il était en pleine structuration. Je ne croyais malheureusement pas vraiment au binôme à ce niveau, mais je suis resté à ma place. En novembre avec Sébastien nous avons proposé un projet de développement du club, un seul entraîneur et un directeur sportif, mais les dirigeants ont fait le choix en janvier d’avancer celui-ci. Je suis passé entraîneur principal par la suite. Le choix a été gagnant sur ce coup, mais j’aurais aimé savoir comment les choses auraient été prises si par ce choix nous n’étions pas montés.

Et vous voilà à Clermont, en D2F maintenant !

Oui en effet. Avec David, on a organisé la préparation pour être prêt au maximum. On débute pas mal, on avait prévu d’être prêt sur le troisième match. Mais il y a tout de même de l’amertume, notamment contre Plan-de-Cuques où l’on perd de 13 buts(40-27) en ayant concédé 22 contre-attaque. Aujourd’hui, on est un peu plus en forme, on a connu une belle montée en puissance contre Bègles et Le Pouzin par la suite, même si on s’est vu un peu trop beau contre Bouillargues. En D2, il faut être capable de mener dès le départ, c’est plus la N1 là. On ne peut plus laisser l’adversaire prendre de l’avance, le rattraper et le battre. On doit mener et tenir, puis tuer le match rapidement c’est comme ça. Tous les week-ends, il faut se méfier, tous les week-ends nous avons à faire face à une grosse écurie.

En un an et demi, quel bilan tirez-vous de Clermont ?

Humainement, j’ai été très bien accueilli ici. J’ai fait des rencontres qui rendent mon arrivée fort agréable. Au niveau handball, c’est encore en construction, c’était du 2 en 1 par rapport à ce que j’ai connu par le passé, il y a encore les fondations à consolider. Ce qui est fabuleux avec ce groupe-là, c’est qu’elles sont encore jeunes et qu’elles ont plein de paliers à franchir. On forme un seul et même groupe. C’est très rare d’avoir un collectif comme celui-là. Individuellement, peu d’entre-elles seraient titulaires dans un autre club de D2F, elles seraient peut-être remplaçantes, mais collectivement elles ont un niveau supérieur à nos attentes. Elles se tirent vers le haut, et se connaissent par cœur. On voit certaines briller car les autres leur servent de lumière. Elles savent ce que chacune doit apporter à l’autre. Il faut continuer sur ce chemin-là, pour atteindre les play-offs. Il nous manque quelques joueuses bien sûr, on est un peu juste, mais on va faire en sorte d’aller en play-offs, pour la bonne santé de mon coeur (rire) et pour avoir plus de temps pour préparer la saison suivante . Ainsi nous pourrons continuer à grandir et nous projeter pourquoi pas vers d’autres objectifs ambitieux.