À 37 ans, Claude-Emmanuel Sanchez a décidé de raccrocher les crampons cette saison après 32 années à parcourir les terrains de rugby du coin. Du Cheix-sur-Morge, à Riom, à Beaumont, à Aigueperse, à Charbonnières et cette saison sous les couleurs du XV des Combrailles, Claude a laissé son empreinte partout où il est passé. Un grand monsieur.Après une carrière comme la votre, quelles sont les étapes qui vous ont le plus marqué ?

Il y a en a tellement ! Mais je dois dire que l’encadrement riomois m’a vraiment marqué. Les dirigeants de l’époque, qui étaient Fabrice Ribeyrolles, Chalus, Pinaud…C’est des gens hors normes. J’ai une chance inouïe de les avoir côtoyés. Ils m’ont vraiment donné l’envie de jouer et quand t’as connu ça, t’as tout connu sur la nature humaine !

À quel poste jouez-vous ?

J’ai toujours évolué soit ailier, soit 10, soit quinze. J’étais plutôt rapide et quand j’étais plus jeune, je n’étais pas forcément un gros défenseur. Aujourd’hui, c’était un peu l’inverse, avec l’âge tout peut changer. (Rire) J’ai toujours eu un physique de footballeur avec un esprit de rugbyman !

Vous êtes passés par Aigueperse à une période où vous pensiez arrêter le rugby c’est ça ?

Oui j’y suis allé pour retrouver des amis d’enfance avec qui j’avais évolué à Riom. C’est Fred Fraisse qui m’a fait venir à Aigueperse où j’ai passé deux très belles années. C’était une période où je faisait également beaucoup de moto à côté et c’est vraiment ces gens-là qui m’ont permis de me replonger à 100% dans le rugby. Pour moi, il n’y pas mieux que ce sport pour t’inculquer le respect et la nature humaine et là, je l’ai redécouvert.

Vous êtes restés longtemps à Charbonnières, qu’est-ce qui vous a amené ici ?

Des amis bien sûr, qui sont aujourd’hui des amis pour la vie. On a tout vécu ensemble et on s’est toujours soutenu dans le meilleur comme dans le pire. C’est des souvenirs impérissables.

Pourquoi avoir intégré le XV des Combrailles ?

Je pense que, dans les Combrailles et par chez nous là-haut, il y a un vrai vivier de joueurs. Il peut vraiment se passer quelque chose. Il faut que tous les joueurs arrivent à prendre conscience qu’ils sont les acteurs principaux et les pionniers de ce club. Le jour où le déclic arrivera, ça peut faire très mal. Aujourd’hui les dirigeants, l’encadrement est stable. j’ai vraiment voulu faire parti de ce projet car il me parlait et il me parle encore !

Quel regard portez-vous sur l’évolution du rugby amateur ?

Il y a eu énormément de changements sur les dix dernières années. On n’a jamais été une région qui a connu beaucoup de titres majeurs même au niveau amateur mais aujourd’hui on sent qu’il y a vraiment du mieux. On a encore du mal à maîtriser l’évolution du rugby d’aujourd’hui. On pense que "pousser de la fonte" va permettre d’être un rugbyman, mais ce n’est pas ça du tout. C’est l’homme qui fait le rugbyman et non l’inverse. Tout le monde à sa chance surtout dans le rugby amateur ! Il faut arrêter avec les stéréotypes du rugbyman bodybuildé. J’ai joué avec des mecs incroyables comme François Norman qui faisait deux têtes de moins que les autres mais c’était un défenseur hors pair, un leader, un exemple. Aujourd’hui il faut prôner le rugby de mouvement, c’est la seule solution.

Aujourd’hui, Claude-Emmanuel Sanchez était lui aussi un leader non ?

Un leader je ne sais pas, un papa peut-être plus. Ce n’est jamais évident à gérer. Il faut être intransigeant vis à vis de soi-même. Si tu ne montres pas l’exemple sur le terrain, ton discours passe forcément moins bien. J’ai apporté ma pierre à l’édifice et si j’ai permis à des jeunes de vouloir pratiquer ou continuer le rugby alors c’est l’essentiel.

Il y a un discours qui vous a marqué plus que les autres durant toutes ses années ?

Oui, le discours de Daniel Druet. Je m’en souviendrais toute ma vie. C’était avant un Charbonnières – Pulvérières. On est parti s’échauffer dans les chemins de "Charbo" et on a pris une remontée de bretelle mémorable. Mais c’était un discours tellement fort qui prenait tout son sens, tu te sentais invincible.

Il y a des gens que vous souhaiterez remercier ?

Il y en a tellement…Tous les présidents et dirigeants de clubs dans lequel j’ai joué comme David Giraud, Fabrice Ribeyrolles, Bicard et celui qui porte le nom de mon fils, Alexis Parret qui m’a fait connaître le rugby. Je remercie évidemment tous les joueurs avec qui j’ai joué et ceux qui sont devenus des amis proches, pour la vie, mais aussi et surtout ma femme ma famille et particulièrement ma fille et mon petit gars qui ont supporté un papa rugbyman.

Que peut-on vous souhaiter ?

Une nouvelle vie professionnelle épanouie bien sûr ! Continuer à arpenter les terrains en tant que spectateur pour aller soutenir les copains et puis, pourquoi pas un jour, aller voir mon petit sur les bords des terrains.