Aujourd’hui Clermont Sports a choisi de vous faire découvrir l’interview d’un combattant de MMA ! Discipline interdite en France, il doit s’exporter à l’étranger pour réaliser sa passion, et garder l’anonymat.Comment êtes-vous venu au MMA ?

J’ai commencé en faisant de la lutte olympique, puis je me suis developpé sur du grappling. Mais dès le départ, en lutte, mon objectif, c’était de faire du MMA. Je savais que je devais commencer par d’autres sports. Le MMA c’est un mélange de plusieurs disciplines, donc il faut avoir des bases, en lutte, en boxe anglaise, pied-poing etc …. C’est tout un chemin pour être compétitif.

Vous avez réussi à en faire en restant à Clermont-Ferrand ?

J’ai eu la chance de croiser les bonnes personnes. Des gens m’ont aidé, m’ont trouvé des contacts, ils ont tout de suite senti que j’étais très motivé. Après, c’est sûr, c’est compliqué pour s’entraîner, on n’est pas sensé en faire, je dois trouver des salles cachées, pour avoir un entraînement spécialisé, c’est difficile, il faut trouver des personnes qualifiées dans une discipline interdite, forcément, c’est rare. Ce qui a été déterminant pour me lancer, c’est la possibilité d’aller à l’étranger, d’avoir un club qui m’aide dans un autre pays. En l’occurrence, je suis rentré en contact avec le Porto Fight Club qui m’a beaucoup aidé. J’ai aujourd’hui un coach brésilien, sans lui, je n’aurai pas réussi, la langue au Portugal, trouver des combats, tout cela, c’est grâce à lui. Aujourd’hui, je vais au Portugal trois fois par an pour mes combats, et je m’entraîne à Clermont-Ferrand le reste de l’année.

Comment réagit votre entourage quand vous leur parler du MMA ?

Bizarrement, j’essaye déjà de beaucoup parler de mon sport autour de moi, c’est une manière pour moi de le promouvoir. De montrer que le MMA ce n’est pas uniquement ce que les gens croient. Au départ, j’ai souvent la même réaction, c’est un sport dangereux, c’est étrange de faire un sport illégal. Je pense que le fait que ce soit interdit joue énormément dans la mauvaise image du public envers notre sport. À l’étranger les gens voient le MMA comme ce qu’il est, un sport de combat comme les autres. En réalité, c’est un sport avec des règles, ce n’est pas parce qu’il y a une cage que tout est sauvage. Au niveau professionnel, je pense que la boxe anglaise engendre les mêmes dégâts qu’un combat de MMA, pas exactement les mêmes blessures, mais la même dangerosité. Pour ma famille, elle est inquiète bien entendu, mais comme elle le serait si je faisais de la boxe anglaise par exemple. Ils ne me critiquent pas, ils me poussent à aller plus loin. C’est un sport ingrat, il faut s’entraîner énormément pour un combat qui peut durer moins d’une minute. Alors les risques, l’illégalité tout cela, c’est très secondaire, je suis le plus souvent concentré sur mon entraînement, et mes objectifs.

Quel est votre palmarès actuellement en MMA ?

Pour le moment, j’ai fait deux combats professionnels. Je suis à deux victoires, ça s’est bien passé. Mais c’est avant tout une longue préparation pour arriver à son premier combat de MMA. On ne peut pas faire cela en étant simple amateur, il faut arriver préparer, c’est certain. Dans l’avenir mon but, c’est d’intégrer une ligue de MMA professionnel, car aujourd’hui, je ne peux pas en vivre. Tout le monde pense à l’UFC, mais ce n’est pas la seule, il y a par exemple la Bellator MMA, sans doute la seconde plus grosse organisation. Il faut que je fasse mes preuves, que j’affronte des gars de plus en plus forts, et engranger les victoires, pour me faire un nom. Je vais peut-être changer de catégorie aussi, aujourd’hui je suis en -93 kilos, mais j’ai le physique pour passer en -84 kilos.

Quelles sont pour vous les « valeurs » du MMA ?

Ce que j’aime dans ce sport, c’est vraiment qu’il rassemble tous les sports de combat. N’importe quel athlète qui vient de la boxe, de la lutte, apporte ses qualités, ses techniques. Il faut aussi qu’il travaille ses points faibles, car c’est toujours le combattant le plus complet qui gagne. C’est réellement un sport pluri-disciplines. Il y a aussi beaucoup de respect entre chaque combattant. Il ne faut pas regarder que l’UFC, ils sont obligés de faire du show, du trash-talk pour vendre, moi mon adversaire, c’est juste pour un combat, ce n’est pas mon ennemi. Je n’ai pas envie de le tuer ou des choses très sanguinaires, je veux juste le combattre et c’est un peu comme une partie d’échec pour moi. Après personnellement, le MMA me canalise, ça m’aide à ne pas me prendre la tête sur les problèmes du quotidien. Grâce à ce sport, je suis quelqu’un de très calme, ça m’aide aussi à me surpasser dans l’adversité.

Cela changerait tout pour vous si elle était légalisée en France ?

Oui, je pourrais rester toute l’année en France, m’entraîner librement. Je pense que la MMA est interdite pour des raisons stupides, le sport français est très associatif. Et le MMA ne s’y prête pas très bien, car comme je l’ai dit, il faut être extrêmement préparé pour rentrer dans la cage. Je pense que la légalisation est dans l’air du temps, pas mal de fédérations se battent pour l’avoir sous leur giron, c’est un gros business, ça peut aider à faire changer les choses. Ce serait légalisé pour de mauvaises raisons, mais une fois qu’ils auront l’habitude, nous arriverons à nous organiser. Au quotidien, je me bats pour dire aux gens que des Français font du MMA, que cette discipline est bien plus belle que ce que tout le monde croit.