À la veille du quart de finale européen de l’ASM, le président Eric de Cromières nous parle du club, de ses valeurs immuables et de so…À la veille du quart de finale européen de l’ASM, le président Eric de Cromières nous parle du club, de ses valeurs immuables et de son public toujours présent.**

Êtes-vous un président heureux ?

Je suis un président plus qu’heureux ! À la fois passionné et je dirais enchanté de ce travail. C’est une charge très complète, très sympa, avec des joueurs et un staff qui sont de très bonnes personnes, absolument charmantes, c’est un plaisir de travailler avec de tels gens autour de soi. Les supporters, la passion, c’est grisant de se faire porter par le public, les Clermontois aiment tellement le rugby et leur club, que forcément ça impacte notre travail quotidien. Les partenaires, le monde politique, très présents, très supporters, tout cela créé une ambiance particulière autour du club. Nous avons beaucoup de chance d’être dans un milieu aussi fou de rugby. C’est très sympa ! L’ASM est l’un des clubs avec le plus de supporters de France. Il y a bien sûr plusieurs catégories de fans, le nombre certes, mais la qualité est encore plus importante. Je ne sais pas si nous sommes le club le plus supporté de France, mais le mieux j’en suis sûr. Nous sommes sur le podium en termes de quantité de fans, avec le Stade Français et le Stade Toulousain. Toulouse ça fluctue, là avec leur belle saison ça remonte, mais ils ont connu un creux. Le Stade Français, c’est aussi un club historique, mais ils ont par exemple du mal à remplir Jean-Bouin. Nous, la Yellow Army est constante, toujours présente, le supporter de qualité, celui qui reste, je pense qu’on a les meilleurs dans ce domaine. Les gens se retrouvent dans les valeurs clermontoises, l’engagement, l’enthousiasme, la qualité et la constance du jeu. Nous avons la chance d’avoir une régularité au plus haut niveau, les gens se souviennent des événements marquants du club, en parallèle avec leur vie personnelle. Certains clubs sont très irréguliers, un coup tout en haut, un coup tout en bas. L’ASM, c’est comme un mariage, il y a une fidélité entre nous, le club peut compter sur le public, et inversement, nous serons toujours là pour eux. Ces valeurs se transmettent de président en président, il y a une constance dans la direction, dans la politique globale.

Dans cet esprit de transmission entre présidents, qu’avez-vous appris de Monsieur Fontès ?

Apprendre, ce n’est pas vraiment le mot. J’essaye surtout d’être dans la continuité. Il avait sa personnalité, j’ai la mienne. Nous sommes différents, mais on partage beaucoup de choses. J’étais administrateur du club pendant toute sa période de présidence, je l’ai vu à l’œuvre. Je connaissais son travail, ce qu’il a bâti de visible, mais aussi d’invisible. J’ai eu à approuver, à voter certaines de ses décisions, donc je n’ai pas eu à prendre un bouquin pour voir ce qu’il a fait ou pas fait. J’ai juste eu à appliquer ce que je l’ai vu faire. L’idée générale était qu’il était nécessaire pour soutenir une grande équipe d’avoir un grand club, un grand stade et un centre de formation performant tout cela, c’est des idées qu’on partageait. C’est ça l’ASM, des gens différents, mais qui se rassemblent sous les mêmes valeurs.

Regardez-vous la saison de Fédérale 2 d’Issoire, de Cournon et de Vichy ?

Oui, je vais vous dire, pour une bonne raison. Je suis originaire de Haute-Vienne et dans cette poule se trouve quatre clubs de Haute-Vienne que sont Limoges, Isle, Saint-Yrieix et Saint-Junien. Je suis donc un observateur de cette poule magnifique. Les résultats des clubs auvergnats sont très bons, il serait très important pour l’ASM qu’un de ces clubs monte en Fédérale 1. De manière à ce qu’on puisse à la fois les épauler un peu plus, et aussi donner des possibilités de jeu à de jeunes espoirs, les catégories de jeunes vont évoluer dans le temps, j’en suis persuadé. Si un club monte en Fédérale 1, nos espoirs pourront aller faire leurs classes un ou deux ans dans un tel club, avant d’être intégrés dans l’équipe pro. Ces échanges-là sont très importants, mais vous ne pouvez les développer que si les clubs sont à un niveau de performance suffisant. Je me félicite pour le moment de voir Nevers en Pro D2, de voir Bourg-en-Bresse et Oyonnax, Aurillac avec qui on a toujours travaillé. Beaucoup de joueurs d’Aurillac viennent du centre de formation de l’ASM. Nous essayons d’avoir des échanges avec tous les clubs, Issoire, Cournon, mais pas que. C’est dans l’intérêt du club et de la région d’avoir une plus grande densité à haut niveau.

L’éclosion d’un jeune joueur de la région comme Fischer, est-ce une fierté pour le club ?

Lui et d’autres ! Ce qui fait la fierté de l’ASM, c’est d’être capable de sortir des jeunes chaque année. Ce genre de joueur, du cru, c’est notre marque de fabrique, prenez Paul Jedrasiak par exemple ! C’est la même chose, sauf qu’il a trois ou quatre ans de plus donc tout le monde l’oublie. Il vient de la formation clermontoise. Ce qui est important, c’est la régularité dans la qualité. Sortir sur le long terme des jeunes, ça fait partie de notre ADN.

Que sera une saison réussie pour vous ?

Une saison réussie, ce sera une saison où on se qualifiera en phases finales, il y a celle de ce week-end en Coupe d’Europe qui va se jouer face à une équipe très difficile. Passer cette étape européenne serait déjà primordial, nous voulons aller loin dans cette compétition.

Après, c’est d’être en demi-finale du Top 14 l’objectif. Ensuite, c’est pile ou face, il n’y a pas d’obligation de titre. Malheureusement le championnat de France est ainsi fait, on ne peut pas parler de titre. En phase finale, c’est la forme du moment, le rebond du ballon en finale, l’humeur de l’arbitre, je ne considère pas que la formule du Top 14 soit un championnat. C’est pour cela qu’on ne peut pas parler de titre, on pourrait si on disputait un championnat comme au football avec tant de journées, et là oui, il faudrait être premier. Ce serait vraiment la récompense de la régularité. Là, ce n’est pas une question de constance, quand vous pensez que l’an dernier Castres est septième, se qualifie grâce à la victoire d’Agen à Pau. Ils terminent champions de France vous vous dites que quelque chose ne va pas. Attention ce n’est pas contre les Castrais, je suis très content pour eux, mais une formule comme ça ne fonctionne pas. Le titre est lié à des circonstances des phases finales et non pas à la valeur de l’équipe sur l’ensemble de l’année. On ne peut pas démarrer un exercice en disant, je veux un titre, non, on dit je veux arriver en demi-finale et là, on verra.

Avez-vous parfois envie de passer la main ?

Pour l’heure, nous aurons un conseil d’administration à la rentrée. Il devra se prononcer pour savoir si je reste président trois ans de plus ou non. Ma volonté, c’est d’être candidat à cette réélection. J’espère que sous mes années de présidence on sera capable d’aller chercher un autre Brennus. Notre public, notre club tout simplement le mérite, je pense.