Jessy Trémoulière, brivadoise d’origine et ancienne joueuse de l’ASM Romagnat a eu l’honneur et le mérite d’être désignée meilleure joueuse du monde en 2018. Un titre mérité aux vues d’une année sportive incroyable.Bonjour Jessy ! Quelle a été votre réaction quand vous avez entendu votre nom ?
Assez surprise, je ne m’y attendais pas du tout. Il y avait du beau monde parmi les nominées (Gaëlle Hermet, Safi N’Diaye, Pauline Bourdon, et la Néozélandaise Fiaoo’o Faamausili) et puis après tout s’enchaîne : journalistes, photos, des messages de la famille, amis et là je me dis « waaaa c’est un truc de fou ce qu’il t’arrive ! »
Qu’est-ce que cela fait d’être la première française à avoir remporté le titre de meilleure joueuse du monde ?
Le trophée a une saveur particulière, je rentre dans le monde du rugby et je suis heureuse d’être la vitrine du rugby féminin, de parler de nos projets, de ce que la fédération met en place pour nous. Ce n’est pas tout le monde qui a ce rôle-là, j’en suis fière et je me rends compte de la chance que j’ai de promouvoir mon sport.
Ce titre est une juste récompense pour vous, avec entre autres un titre de meilleure marqueuse d’essais et de points sur le tournoi des 6 nations.
Oui c’est vrai que c’était une très belle année pour moi d’autant plus qu’on réalise le grand chelem avec l’équipe.
Comment expliquez-vous votre performance ?
Du fait de mes blessures, avec une fracture du péroné en septembre 2016 je reviens et une fracture du bassin en mars 2017 ce qui me contraint à déclarer forfait pour la Coupe du monde 2017. Des remises en question sur mon avenir sportif mais j’avais hâte de jouer avec l’équipe, de prendre du plaisir, de m’amuser et j’avais des fourmis dans les jambes !
Comment se passe votre saison à Rennes sachant qu’à l’origine vous venez de Romagnat ?
Compliqué c’est vrai. Mon statut de joueuse pro avec le 7 me laisse peu de temps pour jouer avec le club et pour participer aux entraînements. Depuis septembre j’ai effectué un seul match contre Romagnat et là je me blesse. Sinon je me plais vraiment dans ce club, j’apprends d’autres choses, j’échange pas mal aussi et j’essaie de rendre mon aventure enrichissante.
Quels sont les facteurs qui vous ont donné envie de faire du rugby ?
Tout est parti d’une initiation rugby au lycée Brioude Bonnefond à l’âge de 16 ans, juste pour essayer pas plus. À l’époque je pratiquais le foot où j’étais assez à l’aise. Et puis au fil des années, j’ai pris du plaisir à jouer non seulement avec les pieds mais aussi avec les mains, j’ai monté assez rapidement les échelons (1ère sélection à l’âge de 19 ans) et j’ai donc laissé le foot pour me consacrer au rugby.
Avez-vous une préférence entre le rugby à XV ou à 7 ?
J’aurais sûrement tendance à dire le XV car c’est là où je maîtrise le mieux mon poste mais je n’oublie pas le 7 qui est une très belle pratique du rugby et qui m’a permis d’en arriver là aujourd’hui. Elle m’apporte beaucoup mentalement, techniquement et c’est mon travail du quotidien. L’essentiel c’est que je m’amuse et prenne plaisir dans ces deux pratiques.
Et puis un projet en commun entre le 7 et le XV est mis en place par la Fédération Française de Rugby, les filles qui sont sous contrat à 7 sont amenées à faire des matchs à 15 et vice-versa. Un projet qui est unique au monde et qui porte ses fruits.
Est-ce que ce titre va vous apporter des ouvertures sur des projets en particulier ?
J’espère que j’aurai des ouvertures pour mon futur projet. Mon papa est agriculteur bio en Haute-Loire du côté de Brioude. J’aimerais valoriser les produits surtout sur l’atelier viande bovine par le biais de vente directe, du producteur au consommateur et surtout mettre en avant notre produit. Casser les codes de la société, que le consommateur mange de la bonne viande et surtout savoir d’où elle vient et comment on nourrit les animaux.