Nous pouvons être de grands sportifs mais ne pas savoir transmettre nos compétences. On peut aussi être pédagogue sans être triple médai…Nous pouvons être de grands sportifs mais ne pas savoir transmettre nos compétences. On peut aussi être pédagogue sans être triple médaillé olympique ou pratiquer un sport pour accomplir un but, chercher une performance, mais on peut aussi faire du sport pour son propre plaisir, comme un loisir. La danse est une discipline sportive, difficile, rigoureuse et multiple à apprendre, à l’image des petits rats de l’Opéra ou des ballets russes. Or il n’existe pas une seule danse ! Chacun se doit d’avoir sa propre interprétation du sport ou de l’art qu’il pratique. On ne transmet ou n’enseigne pas la danse en général, mais ce qu’elle représente pour soi. C’est avec cette philosophie qu’Annabelle a monté son école il y a un an, ‘’A Contretemps ‘’ afin d’enseigner et transmettre sa vision de la danse.
La voie à suivre
Originaire de Champagne-Ardennes, Annabelle s’installa en terre Auvergnate à l’âge de 21 ans.
« Après mon bac littéraire je suis partie étudier dans une école de théâtre à Paris, la danse était pour moi une pratique amatrice, uniquement un loisir. Pour la scène, c’est à Paris que tout se passe. »
Tiraillée par l’envie de poursuivre sa passion, il lui était alors impossible d’assumer autant d’activités et il fallait faire un choix. Finalement, Annabelle a choisi la voie du cœur, et a posé ses valises à Clermont-Ferrand pour tenter sa chance. « Je me suis inscrite au conservatoire de théâtre et danse Classique de Clermont, ce qui m’a permis d’atteindre un certain niveau. Une de mes professeures, voyant que je prenais réellement du plaisir, m’a poussée à passer des formations », suivies sur Vichy pendant deux ans !
Si c’est en tant que danseuse qu’Annabelle se destinait, et s’orienta sur le chemin du professorat qu’elle s’orienta afin de transmettre son univers tourné vers le Jazz, Modern’ Jazz et le partager autrement que par la scène. C’est alors qu’elle enchaîna « le porte à porte », tentant sa chance auprès de plusieurs associations à travers le Puy-de-Dôme pour enfin exercer son travail. « N’étant pas d’ici, je n’avais pas le réseau à portée de main il a fallu que j’aille le chercher moi-même ! J’ai cumulé des heures dans différentes structures à Parents, à Cournon et à Orcines. »
Certaines rencontres m’ont permis de danser sur des projets comme la comédie musicale Sparte ou encore pendant trois ans au Casino de Châtel Guyon. Des expériences professionnelles me donnant également la possibilité de découvrir toutes les facettes de mon métier.
L’envol
Créer son réseau, créer un lien fort entre le milieu professionnel et amateur, Annabelle devait poursuivre son apprentissage, guidée par son envie profonde de partager ses expériences dans un lieu qui lui correspond.
Et comme toute personne accomplie, à un moment on veut voler de ses propres ailes. « J’avais beaucoup appris, il était temps pour moi de transmettre. Ça n’a pas été facile, loin de là ! Il fallait que je quitte petit à petit mes emplois afin de consacrer la majeure partie de mon temps au projet que je souhaitais mettre en place. Ma famille m’a apporté un soutien inébranlable et continue d’ailleurs de m’aider au quotidien. Il a fallu trouver un local, calculer le budget, trouver un lieu qui pouvait correspondre à l’ensemble des conditions que je m’étais imposées et surtout qui respecte la réglementation. »
Il fallait donc un espace bien adapté, un espace où il est facile de se mouvoir, de se déplacer et où les élèves doivent se sentir dans les meilleures conditions possibles pour s’épanouir. En 2014, après avoir participé à un événement danse à Thiers où elle proposa un atelier sur l’histoire du jazz à des classes d’élémentaires, Annabelle créa la « Compagnie Petit Contretemps », passerelle idéale pour faire ses premières armes. Donnant ainsi un sens à son projet. Trois ans plus tard, à force de patience et de volonté, elle finit par trouver ce local. Et c’est ici que le projet A contretemps est né. Son école de danse montée, elle pouvait enfin se consacrer pleinement à sa nouvelle activité, transmettre sa danse, son savoir.
La transmission, sa vision
L’univers sportif et artistique de la danse est propre à chacun. La danse Jazz a énormément évolué à travers les âges en intégrant au fur et à mesure des touches et des gestuelles plus modernes et contemporaines tout en conservant ses fondamentaux. « Je ne peux pas dire aujourd’hui que la danse que j’enseigne est purement du Jazz. On ne cible pas un style musical en particulier. Cela demande donc un travail de recherche énorme, et finalement je ne me tourne pas tout à fait vers l’univers du Jazz à proprement dit. Il faut que je ressente la musique, qu’il y ait un rapport affectif avec celle-ci, j’ai besoin de comprendre ce qu’elle dégage. »
Le fonctionnement est similaire en termes de transmission avec ses élèves. Annabelle prépare leurs corps, éveille les consciences afin que chacun puisse comprendre les mécanismes naturels de son corps, de ses mouvements. « Pendant ma formation, j’ai appris à conscientiser ma danse, à savoir comment réaliser un mouvement pour pouvoir le transmettre par la suite. C’est très important, la personne doit comprendre que la danse doit être ressentie pour être vécue et non être la simple reproduction d’une forme. La prise de conscience pour amener ensuite à l’autonomie des élèves dans leur pratique. Je donne beaucoup d’images, c’est ma façon d’enseigner, afin d’inciter le déclic chez la personne. »
Et puis, il y a la sensation. Comment utiliser le poids de son corps, comment ressentir l’impact de chaque mouvement dans le reste du corps. Pour pouvoir répondre à toutes ces interrogations il faut l’avoir expérimenté, il faut l’avoir ressenti. Pour Annabelle enseigner la danse c’est transmettre sa propre expérience de la danse au travers des sensations du toucher, du poids, de l’énergie. « On se doit d’être le plus pédagogique possible en cherchant des manières différentes de transmettre le mouvement, s’enrichir d’autres techniques. Continuer d’apprendre et de se questionner soi-même sur notre pratique en tant que professeur et danseuse. »
Et puis il faut aussi arriver à faire prendre conscience à nos élèves que ce n’est pas un système de consommation. Ce n’est pas tu payes ton cours et c’est bon tu sais danser ! C’est un travail. Ils doivent mettre, à chaque séance, les ingrédients pour arriver à un résultat, à leurs résultats. Évidemment, chacun à ses propres contraintes extérieures, mais il avancera et évoluera à sa vitesse, à sa manière. Juste pour cela et peu importe l’âge de l’élève en face de moi, je l’applaudis ! »
A contretemps, le slogan « venez comme vous êtes » résonne comme un écho ! Que ce soit débutants ou danseurs(ses) confirmé(e)s, chacun peut y trouver sa place. Par son statut de danseuse et son expérience dans différents styles de danse, Annabelle n’impose pas une rigueur stricte et sans âme, bien au contraire ! « J’amène les choses de manière décontractée, on peut être rigoureux et sérieux tout en passant des moments agréables et conviviaux ! On ne peut pas faire de miracle en une heure, et rarement en deux, mais le fait de voir quelqu’un me dire « j’ai réussi ce que je n’arrivais pas à faire la semaine passée » pour moi c’est une réussite. On peut être exigeant, mais il faut toujours l’être positivement. »
Une image saine et pleine de chaleur humaine ! Annabelle a par le passé effectué un stage à New York pendant sa formation. Elle a été marquée par la simplicité des gens, et le fait que personne ne se regardait, ne se jugeait. Mine de rien, nous avons beaucoup à apprendre d’autres cultures.
Que ce soit avec des enfants de maternelle et de cours élémentaires sur un projet de Kermesse ou bien avec des adultes débutants, Annabelle transmet les fondamentaux de sa danse et incite les gens à comprendre le fonctionnement de la danse et de sa création. Comment créer une danse ? Comment être en rythme ? Bien se placer ? Tout le monde peut danser !
« J’ai découvert la danse à l’âge de 4 ans, je me suis comme éveillée. C’est à l’adolescence que cela devient un réel moyen d’expression. La danse m’a permis de me sentir bien dans mon corps, de faire le vide, et abstraction de ce qu’il se passait autour de moi. Je me sentais libre et j’avais la sensation de dégager une image plus que positive. »
Finalement la danse a aidé Annabelle à se construire. A contretemps est encore jeune et ne cesse de grandir. Elle réussit à transmettre sa passion grâce à l’amour qu’elle porte à sa danse. Mais elle n’enseigne pas qu’une pratique sportive, elle guide aussi les élèves à atteindre leur propre but quel qu’il soit et c’est toujours dans la bonne humeur et avec passion qu’elle le fera.
Crédit photo : A contretemps