Longue entrevue avec Cyrille Faucher, co-président du Handball Club Cournon d’Auvergne, actuellement en Nationale 2 ! (Interview réalisé…Longue entrevue avec Cyrille Faucher, co-président du Handball Club Cournon d’Auvergne, actuellement en Nationale 2 ! (Interview réalisée le Lundi 15 Octobre, dans le cadre de notre magazine du mois d’Octobre)
Bonjour Cyrille, merci de nous accueillir dans le Gymnase. Peux-tu te présenter ?
Bonjour, Cyrille Faucher, j’ai 46 ans, je suis Président du Handball Club de Cournon d’Auvergne avec Stéphane Sadourny. Je ne suis pas du tout issu de ce sport-là ! A la base, je suis plutôt du rugby, j’ai œuvré dans les clubs auvergnats, là où j’ai d’ailleurs connu Stéphane Sadourny en tant que joueur à l’ASM. Et puis, un jour, on s’est retrouvés dans un gymnase, on a retrouvé à travers le Handball certaines valeurs par rapport à nos enfants, par rapport à ce qu’on voyait dans un gymnase. De ce principe-là, un jour, à Cournon, l’ancien Président a démissionné et on a repris le club à ce moment-là. On vient du bénévolat par nos parents, c’est important de le dire, je comprends seulement maintenant les absences de mon père le week-end, je l’ai toujours vu comme mes beaux-parents et le père de Stéphane donner sans compter mais juste avec la volonté de faire et créer des choses aucune contrepartie. On est accompagnateurs de ce club, on a une certaine affection pour nos joueurs, pour les exemples du club comme les Malgat (Simon et Victor) et la famille Servans, ce sont des gens qui poussent des personnes à s’investir. Gérer un club ne s’arrête pas aux matchs du week end c’est un combat journalier pour monter un budget, une organisation compétitive. Avec Stéphane nous sommes des chefs d’entreprise notre objectif est d’apporter du professionnalisme sans toucher au plaisir. Si je suis à Cournon, c’est que je suis un vrai cournonnais, je n’aurais jamais pris un projet ailleurs qu’à Cournon, j’adore ma ville !
Quelles sont les différences entre le Rugby et le Handball ?
Ce sont des sports de contact, on n’est pas si loin et si éloigné de cela. Les gens et notamment mon épouse Sabine préfèrent parce qu’il fait globalement moins froid l’hiver dans un gymnase, ça c’est certain ! Mais, dans l’état d’esprit, j’ai retrouvé les mêmes valeurs qu’au rugby : de combat, camaraderie, un sport d’équipe basé sur le combat. Les deux sports ne sont pas si éloignés que cela.
Tu pourrais donc être Président d’un club de Rugby finalement ?
Je pourrais être Président d’un club de Rugby effectivement !
Quel bilan tires-tu de ces 3 années au club ?
Quand je suis arrivé j’ai trouvé un club avec des personnes fantastiques mais usées, il a fallu que nous bâtissions une structure sportive mais aussi un budget pour atteindre nos objectifs. Aujourd’hui nous avons réussi à mettre une structure en place grâce à nos réseaux professionnels même si nous devons la faire évoluer constamment. Au niveau sportif nous sommes arrivés au pire moment mais je crois que cette descente au niveau régional fut la meilleure chose pour repartir plus fort. J’en profite pour souligner que Roumar Alami a joué un rôle très important dans la construction sportive. Sans lui nous ne serions pas là aujourd’hui et même si nos routes se sont séparées il restera pour moi la personne du renouveau sportif.
Est-ce que tu es satisfait de ce début de saison ?
Oui et non. On a fait deux bons matchs (à Vesoul et contre Beaune) et nous nous sommes oubliés en deuxième mi-temps à Bourgoin. Les murs ont tremblé après le match mais j’ai senti immédiatement mes garçons vexés et je suis persuadé qu’on a construit notre victoire contre St Flour dans le vestiaire à Bourgoin.
Vesoul et Beaune, c’était pourtant des gros clients…
Oui, Vesoul et Beaune sont des gros clients, mais je pense qu’il y a d’autres équipes qui seront difficiles à jouer. Bourgoin se retrouve invaincu pourtant ils ne sont pas plus forts que St Flour, la qualité et la quantité des groupes seront déterminantes pour bien se placer sur la saison.
Quel est le niveau global de ce championnat ? Y a-t-il des équipes qui sortent du lot ? Cournon peut-il se mêler avec eux ?
Pas cette année, trois équipes (Vesoul, Lyon-Caluire et Beaune) ont du vécu à ce niveau. Il faut qu’on apprenne à jouer dans cette division. Mais attention on est dans une poule relevée où les équipes sont très proches les unes des autres et le moindre oubli sera sanctionné au classement. On n’est plus en Nationale 3, il faut apprendre à gagner à ce niveau-là et les matchs se jouent souvent à des détails. Et nous on manque cruellement de maturité mais je ne suis pas inquiet cela va venir Karim le sait et les joueurs y travaillent.
Quelles sont les différences avec la N3 ?
Déjà physiquement. Je pense que les équipes sont mieux préparées, qu’elles s’entraînent davantage. Il y a énormément de joueurs qui ont joué à haut niveau. La différence est également sur la vitesse de jeu. A Cournon, il nous manque encore un peu de métier, pour apprendre à gagner ces matchs-là, car cela va beaucoup se jouer sur un ou deux buts, et il faudra faire pencher la balance de notre côté. On l’a vu contre Beaune où un moment on a une balle de +2 et on se rate. C’est dans ces moments-là qu’il faut qu’on arrive à gérer la gestion des temps faibles mais surtout les temps forts.
Au Handball, c’est donc plus difficile de monter deux années de suite, par exemple de N3 à N1 ?
Je ne pense pas non parce que là, il faut vraiment avoir un effectif complet à tous les postes, je pense qu’on a quelques postes qui sont en devenir, où on n’a pas les joueurs à maturité nécessaire. Par contre, on a des jeunes joueurs qui ont la capacité pour arriver à ce niveau-là. Je crois qu’on est sur une année charnière où on va donner de l’expérience à nos joueurs et que cette expérience va payer dans un ou deux ans. Je pense au poste de pivot, où l’on voit des joueurs chevronnés. Nous, on a un pivot qui a 17 ans et un autre qui en a 24. C’est un poste où, comme au rugby pour un pilier, on arrive à maturité à l’aube des 30 ans.
Un jour, peut-on voir Cournon en N1 ? A court ou moyen terme ?
C’est l’objectif du club. Le premier objectif était de se structurer. On parle beaucoup de l’équipe 1 mais il fallait qu’on se structure en bas et qu’on pose les fondements. On s’est structurés sur les -16, on a les -18 qui jouent au plus haut niveau en Championnat de France, qui ont été vice-champions de France l’année dernière du Challenge France. Cette année, on a pris un entraîneur qui est au plus haut niveau éducateur, Roland Michel, pour entraîner la réserve, car dans cette équipe, on a des -18 qui montent et quelques joueurs qui sont redescendus et qui étaient en N3 mais qui ont une possibilité d’évolution. Il faut qu’on se donne les moyens d’avoir un réservoir en termes de formation, c’est la clé du succès. On est dans une région où il est plus difficile de recruter que les autres, on est sur un bassin « pauvre » en termes de joueurs, il est certain que si l’on se compare avec des bassins où il y a obligatoirement une équipe de N1 ou de Proligue (D2 Française), il y a donc un réservoir de joueurs qui peuvent possiblement venir chez vous. En Auvergne, ce n’est pas le cas. On est obligés de passer par la formation, et éventuellement faire un recrutement sur un poste clé comme on l’a fait cette année avec Ephem Kelantima qui est venu renforcer la base arrière. Peut-être que l’année prochaine, on fera un recrutement plus ciblé en attendant que nos joueurs soient à maturité pour nous permettre d’acquérir le niveau. L’objectif de Nationale 1, on en avait parlé pour les 50 ans du club donc en 2020-21. On y est presque. Donc, cette année, l’objectif c’est le maintien, l’année prochaine ce sera de jouer les premiers rôles en Nationale 2. On sait qu’il n’y a que le premier qui monte. Donc la N1 dans les trois ans qui arrivent. Puis après, la Nationale 1, c’est un autre niveau, il faut repenser le club dans sa totalité, au niveau de la formation encore plus. Aujourd’hui, on se repose un peu sur le Pôle Espoir qui est à Cournon, sur la section, mais là, en Nationale 1, si on veut exister, il faudra un vrai centre de formation et passer à la vitesse supérieure. Ce qu’il y a de bien à Cournon, c’est qu’on a déjà la structure, c’est important par rapport aux clubs qu’on affronte, on a un gymnase dédié à la pratique du handball, avec plus de 1 000 places, on va avoir un club-house, on a des vraies infrastructures pour fonctionner.
La mairie joue bien le jeu donc…
La mairie joue très bien le jeu, on espère que la Métropole joue également le jeu, elle nous avait promis des choses il y a deux ans quand nous avons monté le projet. Aujourd’hui on est en attente de cette demande-là, pour voir si elle va nous accompagner et si elle a la volonté d’avoir un vrai club masculin qui joue les premiers rôles dans un bassin de 500 000 habitants et je crois que c’est capital d’avoir un club de Nationale 1 dans l’agglomération de Clermont-Ferrand. On investi énormément dans la formation du jeune joueur et cela demande un investissement financier important mais primordial pour demain. Notre projet est solide, on l’a prouvé par les résultats et la mise en place d’une structure sportive. Maintenant si on souhaite atteindre nos objectifs, nous avons besoin des institutions publiques.
Qu’est ce qui manque au Hand pour être plus médiatisé dans cette agglomération de Clermont-Ferrand ?
Il y a un historique, c’est le rugby à Clermont-Ferrand qui bouffe un peu tous les autres sports. Après, on commence à voir émerger d’autres sports sur le bassin clermontois. Je pense qu’il y a un historique très important sur le basket parce qu’il y avait des équipes, jadis, très importantes (Stade Clermontois Auvergne Basket) mais il n’y a pas d’historique Handball. C’est un vrai manque globalement, on le paye aujourd’hui car par rapport à cela, on a une lisibilité qui est moins bonne. Par contre, on voit qu’on arrive à avoir beaucoup de monde dans les gradins, il y a une vraie demande sur le hand mais pour monter un projet, ce n’est pas simple. Après, c’est lié au niveau aussi. On voit qu’on a plus de public qu’en N3 et que, si on monte en N1, on fera salle comble à chaque rencontre. Les gens viennent voir un spectacle. Quand je vois le match de Beaune qu’on perd, tous les gens qui sont venus m’ont dit qu’ils avaient vu un super match, qu’ils avaient passé un super moment et qu’ils allaient vite revenir . Il faut qu’il y ait du spectacle. Les gens doivent voir des choses qui se rapprochent de la TV. Quand on commence à voir des équipes qui jouent le haut de tableau de la N2, c’est un beau sport
Et toi, ça ne te fait pas peur de monter ? Certains clubs ont peur de monter pour ne pas prendre des cartons chaque week-end et perdre des spectateurs…
Oui, le danger est de monter vite et fort pour redescendre aussi vite. Alors moi cela ne me fait pas peur parce que, contrairement à beaucoup de clubs, je ne veux pas dire qu’on a le monopole sur la région mais un bon joueur de hand, dès qu’il est bon, il vient à Cournon pour la formation. On a trois salariés et demi, c’est déjà une entreprise de formation. Malheureusement, on n’a pas assez de clubs qui sont comme cela dans le bassin clermontois. Je pense qu’il y a un vécu et une structure qui nous permettent d’exister à ce niveau-là. Après, on n’est pas en train de parler de professionnalisme ou de Proligue, là c’est certain qu’on est à notre niveau et il faudra réfléchir différemment si, un jour, quelqu’un a l’ambition de monter en Proligue. Pour la N1, la structure et le budget sont quelque chose de réalisable si tout le monde veut participer au projet. Jusqu’à ce niveau, c’est possible. Un budget de N1, pour se maintenir, c’est ce qu’on a actuellement, autour de 300 000€. On aurait donc le budget pour monter. Après, par rapport à d’autres formations, on ne rémunère pas les joueurs avec des fixes, nous on propose un accompagnement professionnel avec un système de prime de match. Pour l’année prochaine, on va faire les demandes pour passer sous un statut professionnel pour éventuellement faire venir un ou deux joueurs supplémentaires pour nous accompagner dans notre projet. Mais on priorisera toujours nos joueurs de formation plutôt que des joueurs d’extérieur. Cependant, pour passer un cap supérieur, on doit quand même recruter, on l’a vu avec Maxime Bouquet. C’est un joueur sollicité par beaucoup de clubs, c’est typiquement un joueur, à son poste, qui peut jouer le haut de tableau N1, c’est un vrai plus. Ce joueur tire l’équipe vers le haut avec son comportement exemplaire, c’est un compétiteur. Il nous faut deux ou trois joueurs de son niveau car je ne veux pas être dépendant de sa performance et quand il est moins bien j’ai ce sentiment.
Quel est l’objectif pour les -18 cette saison ?
C’est de jouer la Poule Haute ! Ils ont fini vice-champions de France de ce qu’on peut appeler la deuxième division. Cette année, l’objectif est d’évoluer en première division. C’est un effectif important, puisque c’est la formation de demain, c’est l’équipe première dans le futur. Si on ne peut pas offrir un bon niveau, les meilleurs partiront obligatoirement dans des clubs à plus haut niveau. Alexis Royet fait du très bon travail, j’aime sa façon de manager son groupe et l’esprit club qu’il véhicule.
Est-ce que les médias locaux jouent le jeu ?
On a beaucoup de mal avec la lisibilité du handball sur le bassin clermontois, où on voit par exemple beaucoup d’articles de basket, à moins bon niveau par rapport au hand. C’est dommage car si on a un projet, il faut qu’on soit également accompagné par les médias. J’en profite pour remercier Clermont Sports, une revue dédiée au sport en globalité, quel que soit son niveau, qui nous permet d’avoir une meilleure lisibilité, que ce soit sur les réseaux sociaux ou sur la presse.
Parles-nous de cette ambiance dans cette salle ?
Je pense qu’il y a de plus en plus d’ambiance, plus tu as de monde, plus il y a de l’ambiance. On est un vrai club familial. On n’a pas un projet que masculin, mais aussi féminin, il faut le préciser. On est le premier fournisseur de filles pour le Handball Clermont Auvergne Métropole (le HC Cournon d’Auvergne est conventionné avec le club clermontois). Tant qu’on sera là avec Stéphane, le projet féminin sera aussi important puisqu’on a besoin des filles pour l’ambiance et pour la vie associative qui reste un élément important du club. C’est primordial pour l’ambiance et c’est elles qui la créent, qui mettent en place le programme pour les Seniors, qui chantent dans les tribunes, c’est capital dans la vie d’un club. J’invite d’ailleurs tout le monde à découvrir cette ambiance !