Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Damien Chastel, employé au comité départemental de handball depuis bientôt 10 …Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Damien Chastel, employé au comité départemental de handball depuis bientôt 10 ans, en tant qu’agent de développement sportif. En parallèle j’entraîne pour ma 4ème année au sein du club (Clermont Co puis HBCAM63). Les 3 années précédentes j’étais en charge de l’équipe N2F avec un adjoint. Cette saison, j’interviens sur l’ensemble des équipes du club avec un regard plus poussé sur le secteur jeune. C’est à partir d’une licence STAPS, des diplômes d’état (BE), et des diplômes fédéraux que j’ai validé au cours de mon cursus universitaire et professionnel que j’ai pu développer mon activité d’entraîneur de handball.
En quoi consiste votre métier ?
Au sein du comité du Puy de Dôme, je suis amené à développer l’activité handball :
• Quantitativement : sensibiliser la population à la pratique, diversifier les publics, fidéliser les licenciés. • Qualitativement : en formant tous les acteurs du handball, joueurs, arbitres, entraineurs, dirigeants…
J’ai notamment des missions de détection et de formation auprès des jeunes joueuses du secteur (sélection Puy de Dôme, Pôle Espoir de Clermont, la Ligue Auvergne Rhône Alpes). Pour le Club, j’essaye de faire le lien sportif entre les 3 catégories pour être le plus efficace dans la formation des jeunes filles. J’entraîne également les 3 équipes du club au cours de la semaine. Le week-end je coache plus particulièrement les -16 ans Auvergne/Rhône-Alpes et apporte mon regard sur les -18 ans CF et la N2F quand mes disponibilités me le permettent.
À quel âge peut-on commencer le handball ?
On peut désormais débuter le handball très tôt, dès l’âge de 3 ans au sein de club qui propose l’activité Baby Hand. Mais à tout âge vous serez bien accueilli dans une structure locale. Il suffit de trouver le club qui propose la pratique, qui vous correspond le mieux (loisir / débutant / à la pratique intensive). Sur le Puy-de-Dôme et, plus particulièrement, l’agglomération clermontoise toutes les offres de pratique sont là !
Le HBCAM 63 est un club particulier car il regroupe une sélection de joueuses issus de différents clubs. Expliquez-nous ce concept.
Le HBCAM63 est effectivement né à travers la création d’une association regroupant plusieurs clubs conventionnés de la Métropole : Cournon, Aubière/Ceyrat, Pérignat et le Stade Clermontois. C’est un modèle atypique, notamment pour notre pays. Nous travaillons avec ces clubs dès les plus petites catégories, et nous avons ensuite nos trois équipes de haut niveau (- 16 ans, – 18 ans et N2) qui permettent aux meilleurs filles de poursuivre leur développement.
Combien avez-vous de licenciées ?
Du fait de notre organisation, comme vu précédemment, nous avons officiellement très peu de licenciées. Nos joueuses sont licenciées dans les clubs conventionnés, et peuvent ainsi jouer pour le HBCAM63 mais aussi pour le club conventionné. Le HBCAM63 et les 4 clubs conventionnés regroupent plus de 1000 licenciés handball ce qui en fait une structure très importante.
Vous mettez en place un système de détection dans les clubs voisins ?
Bien entendu nous devons être attentifs au vivier de joueuses que présentent les clubs qui nous entourent. La détection et l’intégration des jeunes joueuses s’effectuent à plusieurs niveaux :
• nous invitons des joueuses pré HBCAM63 (trop jeunes pour jouer en -16 ans) sur certains entraînements jeunes lors de la semaine. Cela nous permet de voir leur progression et de commencer à les sensibiliser au niveau de jeu et connaître leurs futures coéquipières.
• il y a une collaboration forcément étroite avec la sélection départementale ce qui permet d’avoir un regard sur les générations qui arrivent.
• enfin, il faut faire confiance aux entraineurs impliqués dans les clubs de l’entente qui connaissent leurs générations. Souvent ces derniers nous proposent de voir et d’intégrer des joueuses plus jeunes sur certaines séances
Quels sont les critères de sélection des jeunes ?
Il y a bien entendu des postes spécifiques pour lesquels il est important de ne pas avoir de creux dans le recrutement : les gardiennes et les joueuses gauchères. Ensuite, nous tâchons de former des joueuses complètes, capables de jouer sur différents registres dans toutes les phases de jeu, et ce au maximum de leurs capacités physiques. Et nous privilégions donc parmi elles, celles qui deviennent les plus performantes.
Quelle est votre politique de formation ?
Nous essayons d’adapter au mieux le parcours pour chacune des jeunes joueuses et leur offrir le plus possible de circonstances de progression (entraînement, compétition) : la joueuse est au centre du projet. Ainsi, nous donnons du temps de jeu et des responsabilités aux joueuses dans les catégories supérieures. Il y a donc beaucoup de passerelles entre les 3 catégories. En rajeunissant les effectifs nous gagnons du temps. Certes les matchs sont de fait plus compliqués mais nous essayons de désacraliser la compétition. Les matchs en jeunes sont avant tout des moments d’évaluation et de formation.
Quelles sont les valeurs que vous véhiculez au sein des jeunes ?
Nous insistons sur 3 choses :
• être plus forte que le contexte : ne jamais discuter une décision arbitrale, ne pas se décentrer de sa tâche, faire abstraction des joueuses adverses, du public…
• s’investir : physiquement en mettant de l’intensité, mentalement (combativité)
• jouer juste : respecter le handball, choisir la meilleure réponse au problème proposé.
Quelle est la fréquence des entraînements ?
Chez nos jeunes, l’effectif global peut être catégorisé en 2 publics :
• les joueuses qui sont en Pôle Espoir. Elles s’entraînent une fois par jour et possèdent un suivi plus poussé avec des séances de préparation physique, de la kiné préventive, un entraînement spécifique gardienne…
• les joueuses hors structure à qui nous avons offert une possibilité de s’entraîner chaque jour de la semaine.
Quelles sont les méthodes d’entraînement des jeunes ? Existe t-il des séances spécifiques ou spécialisées ?
Pour former des joueuses complètes nous ne pouvons pas nous centrer que sur un seul aspect de son développement. C’est un aller-retour constant entre du travail spécifique et de la réintégration dans le jeu. Les joueuses doivent mettre du sens, comprendre la logique du handball, connaître les grandes lignes tactiques : savoir-faire collectif, et pouvoir s’exprimer dans ce jeu, maîtriser une certaine technique, un savoir-faire individuel. Sur une semaine d’entraînement, une joueuse est confrontée à toutes les situations (du spécifique au poste, au travail collectif, en étant passé par de l’amélioration des relations à 2 ou 3 joueuses) et dans les différentes phases de jeu (attaque, défense, montée de balle, repli défensif).
L’exigence est-elle la même dans le handball masculin et féminin ?
La différence principale est la dimension physique. Pour le reste, c’est du handball avec toutes les mêmes contraintes que ce sport présente.
Est-ce accès sur le physique ?
La part du physique est indéniable au handball. C’est un levier qui permet de faire des différences, d’exploiter des situations.
Voici quelques exemples pour illustrer :
• jouer dans le dos du repli défensif en contre-attaque (vitesse)
• gagner un duel (explosivité, puissance)
• tirer au-dessus des défenseurs (taille)
• contenir un adversaire (gainage)
• se donner du temps pour battre la gardienne (sauter haut)
• faire des arrêts loin de soi en bas (souplesse).
Une joueuse dotée de qualités physiques supérieures aux autres aura donc plus de possibilités d’être performante (si elle les utilise à bon escient).
Quels sont vos objectifs à court, moyen et long terme ?
Les objectifs sont toujours dans le but d’accompagner au mieux les jeunes joueuses.
À court terme : permettre à des joueuses présentant le potentiel d’intégrer le Pôle Espoir et d’adapter au mieux la pratique de chacune.
À moyen terme : renouveler les effectifs, détecter, former, intégrer des plus jeunes, sans subir de creux générationnel.
À long terme : permettre aux joueuses locales d’intégrer l’équipe première et donc de progresser en même temps que cette équipe monte de niveau.
Avez-vous déjà des joueuses à très fort potentiel et qui sont déjà surveillées ?
Je pense effectivement que le travail fait sur la formation (compétence du staff, circonstances de formation, stratégie, relation avec la sélection départementale, travail avec le Pôle Espoir) commence à payer. Il permet à certaines joueuses d’avancer.On peut citer parmi elles :
• Eva Jarrige (2000) qui a rejoint le centre de Formation de Brest (club de LFH) cette saison, et faisant partie de l’équipe de France Jeune.
• July Mouton (2001) qui est une joueuse importante de l’équipe fanion avec des responsabilités malgré son âge.
• Sheryl Tré (2003) qui a le potentiel d’intégrer rapidement le Pôle Espoir Excellence, capitaine de la sélection Auvergne Rhône-Alpes 2003, et à qui on peut souhaiter de participer aux stages nationaux de sa génération.
Comment vous les conditionnez aux exigences du sport de haut niveau ?
La difficulté principale dans notre secteur est que les filles n’ont pas accès à des matchs de haut niveau (LFH). Elles peuvent en voir de temps en temps à la télé, mais ça n’a pas le même impact que de voir ces rencontres en vrai. Pour se rendre compte de l’intensité, de la vitesse du jeu, de la préparation avant/après match, il faut le voir de près. A notre niveau nous essayons d’intégrer une certaine « culture » aux joueuses :
• protocole d’échauffement (prévention des blessures, préparer son corps à la pratique).
• être habituée à une certaine charge d’entraînement (sur la semaine, ou même sur une séance).
• « mettre les formes » en compétition (aspect mental).
L’équipe de France de Handball (féminin et masculin) fait de super résultats, il y a une formation à la française ?
Il y a effectivement une reconnaissance des autres nations sur le travail réalisé en France au niveau de la formation. Cette réussite repose sur le système des Pôles Espoirs :
• leur répartition sur l’ensemble du territoire permet de détecter les potentiels partout en France.
• le travail au sein de structures qui permettent aux joueuses et joueurs de devenir »adaptables », complets (capables d’analyser et d’exploiter toutes les situations de jeu différentes).
Crédit photo : bcourteixphotos.com.